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Je compte les jours, je compte les heures (appréhensions pré-emménagement)

Dans moins d’une semaine, l’emménagement tant désiré va arriver. C’est un grand évènement pour nous tous. Tout le monde a un certain nombre d’appréhensions, de craintes, de doutes à l’approche de ce jour fatidique. Chacun pourrait vous en faire une liste et ça concerne de multiples sujets différents.

Sur ma liste, il n’y aurait qu’une seule chose : Ma jalousie.

On pourrait croire que j’ai pas mal de chance. Je n’ai pas de craintes pour le quotidien. Pas d’appréhensions particulières sur notre vie ensemble. Je n’ai qu’une seule chose à gérer, mais finalement pas des moindres. A la suite de diverses discussions, il s’avère que je suis la personne dont la jalousie est le problème le plus critique et qui semble le plus insurmontable.

En parlant avec Julia, elle m’avait demandé si j’étais jaloux des moments qu’elle passait en amoureux avec Nicolas. Je lui ai répondu que non. Ses attentions, ses mots d’amour, ses câlins ne me posent aucun problème. Je n’ai pas de soucis non plus avec Nicolas. Je ne le vois pas comme quelqu’un qui me « vole » du temps que je pourrais passer avec Julia. Les sentiments amoureux qu’elle lui porte ne sont pas non plus une source de tourments.

Dans le billet « De l’air, de l’air… », Léolu a laissé un commentaire en différenciant deux types de jalousie : « la jalousie possessive externe (ce dont profite un autre) et la jalousie possessive interne (j’ai, mais j’ai peur de perdre) ». Je ne me reconnais dans aucun des deux cas. Que Nicolas ait envie de Julia, je trouve ça plutôt normal. Moi-même j’ai du désir pour elle et je sais que je ne suis pas le seul. Ils s’aiment et ils partagent leur vie depuis bien plus longtemps que moi. Pour autant, je n’ai pas peur de perdre Julia. Je sais qu’elle m’aime et je n’ai pas de doute à ce sujet ou sur sa sincérité.

Ma jalousie se concentre sur un unique aspect de leur relation : Le désir qu’elle peut avoir pour quelqu’un d’autre. Jusqu’à maintenant, je n’ai jamais été confronté à cela en direct. Cela s’est toujours résumé à des moments où lors de discussions j’ai su que Julia et Nicolas allaient ou avaient fait l’amour. Lors de ces épisodes, mon coeur s’emballe, ma gorge se serre, mes membres tremblent et j’ai la sensation que tous mes organes se contractent et se nouent comme un noeud de cordage en chanvre mouillé. C’est imagé mais c’est vraiment l’impression que ça donne. Pour les personnes qui ont fait l’expérience d’avoir été trompées par leur partenaire, elles doivent avoir une petite idée de ce que l’on ressent physiquement. Cela se traduit par une période de dépression puis par une autre de colère.

C’est environ depuis le début de l’année que c’est comme ça et que ça ne passe pas.

La première chose que je me suis demandé, c’était pourquoi ça me faisait ça avec Julia et pas avec Charlotte. Alors certes, au départ de notre relation à quatre j’avais un peu de mal concernant les rapports sexuels entre Charlotte et Nicolas mais c’est passé avec le temps. Quoi qu’il en soit, ça n’avait rien de comparable. C’était plus du malaise que quelque chose qui prend au tripes et donne la nausée. En me confiant sur le sujet, j’ai appris que Julia, Charlotte et Mélanie (une amie qui était dans une situation similaire) avaient le même problème. Il y a une jalousie puissante quand il s’agit du nouveau partenaire alors qu’elle est inexistante (ou négligeable à côté) lorsque cela concerne le partenaire habituel. Devant ce fait généralisé, je ne me suis donc pas posé plus de questions touchant à cet écart de jalousie, même si ce constat est intéressant.

J’ai ensuite cherché la cause de cette jalousie. En trouvant d’où elle venait, je me disais qu’il serait plus facile de lutter contre. J’ai cherché, cherché, mais en vain…

Sans en déceler la cause, j’ai trouvée une solution sans le savoir. Il suffisait que je m’éloigne de Julia, que je prenne de la distance, que je devienne moins fusionnel, que je vive ma vie de mon côté et ma jalousie s’estompait. Ma phrase salvatrice que je me répétais dans ma tête pour que ça aille mieux était « fait ce que tu veux, j’en ai rien à foutre ». Bon, c’est une solution qui marche… mais qui est loin de régler le problème (et en apporte d’autres).

Suite à cela, j’ai réfléchi au rapport entre l’intensité de la jalousie et le fait d’être plus ou moins fusionnels. C’est alors que j’ai eu un éclair de lucidité. Et si c’était notre relation de Maître et soumise qui provoquait ou amplifiait ça ? Il y a une notion très importante d’appartenance et de possessivité (possessivité, le mot est lâché) dans ce type de rapport. Pour elle, je suis « son » Maître, à elle, à personne d’autre et il est inconcevable que ça ne soit autrement. Pour moi, c’est la même chose. C’est « ma » soumise. Attention : Pour ceux qui s’y connaissent, il faut différencier les rapports de Maître/soumise qui interviennent uniquement dans un jeu et ceux qui sont inclus et font partie de la relation en elle-même.

Viennent alors se confronter deux univers qui s’opposent complètement. D’un côté, il y a la relation polyamoureuse dont la base est la liberté de chacun de vivre plusieurs amours. De l’autre, il y a la relation Maître/soumise dont la base est (entre autres) la possessivité et le contrôle de l’un sur l’autre de manière consensuelle. Comment conjuguer des choses qui semblent conceptuellement incompatibles et antinomiques ? Est-ce ce besoin de possession qui fait que je suis particulièrement jaloux ? Est-ce qu’au fond ça n’a rien à voir ? Est-ce que je dois abandonner ce rapport Maître/soumise pour vivre cette relation polyamoureuse de manière plus sereine et détachée ? Est-ce que je vais m’y faire comme ça a été le cas avec Charlotte ?

J’ai retourné ces questions dans tous les sens sans trouver de réponse. Là seule chose dont je suis certain, c’est que quand j’imagine Julia avoir du désir, faire l’amour avec Nicolas, je me sens mal et je souffre.

Bientôt, je ne serai plus confronté uniquement à des récits concernant les rapports entre eux. C’est inéluctable. Je compte les jours, je compte les heures. Je vais le vivre en direct et de manière plus concrète que jamais. Je vais savoir quand ils vont faire l’amour, les entendre, peut être même voir Julia revenir nue, décoiffée, comblée de ce moment  intime qu’ils auront vécu tous les deux. Même si ils sont discrets, même si je n’en suis pas directement témoin parce qu’ils le feront quand je ne suis pas là, je le saurais, je m’en douterais. Ce n’est pas quelque chose qui se cache. Comment je vais réagir ? De ce que j’imagine, très mal.

Madame la Jalousie et moi

Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été jalouse. En amitié, lors de mon adolescence, je vivais très mal d’être délaissée par ma meilleure amie lorsqu’elle avait des petits amis ou voyait tout simplement d’autres personnes. Un peu plus tard, je m’avérais toujours très possessive avec mes amitiés. Je n’ai connu un grand amour réciproque qu’assez tardivement. Mais j’ai toujours été relativement jalouse et possessive avec les personnes auxquelles je tenais. Certainement parce que j’ai toujours eu le besoin qu’on m’aime et qu’on me valorise : chose que je ne peux pas faire moi même. C’est donc quelque chose qui se fait dans le regard des autres. Alors lorsque la personne que j’aime, montre de l’intérêt pour quelqu’un d’autre et bien je m’effondre, car je ne suis plus au centre de sa vie. J’ai donc toujours vécu avec ça, avec ces sentiments et j’ai du faire avec, apprendre à les supporter car force est de constater qu’ils ne disparaissent pas. Et cela avait toujours plutôt bien fonctionner. Au fil des années, j’avais réussi à prendre sur moi et cette possessivité s’était estompée.

Je pensais également avoir mis définitivement cette jalousie de côté, au fur et à mesure de ma relation avec Christophe. Quelques expériences sexuelles à plus de deux et le fait qu’il soit toujours là, m’ont apprises à me dire que finalement je valais peut-être quelque chose et que la jalousie n’était pas de mise. En dehors d’un problème de confiance en moi, je m’étais faite à l’idée qu’il puisse trouver d’autres personnes intéressantes et que c’était bien normal. Mais l’été 2010, ma jalousie jusque là quelque peu enterrée, est revenue petit à petit, au fur et à mesure que Christophe se rapprochait de Julia. Car cette fille n’était pas une simple personne qu’il trouvait intéressante. J’étais alors dans un état lamentable, puis cela s’est apaisé dés lorsque nous nous sommes tous rencontrés, en revenant par piques, jusqu’à n’être plus qu’aujourd’hui une petit pointe de temps en temps.

Lorsque j’ai rencontré Nicolas, il n’y avait pas de sentiments entre lui et moi. Il m’avait expliqué être plutôt du genre séducteur. Cette information s’est révélée, plus tard, être une véritable source d’inquiétude pour moi. La moindre fille qu’il trouvait jolie, avec qui il s’entendait bien, étaient autant de souffrances qui venaient me rappeler que ma jalousie était belle et bien revenue. Moi qui croyait m’en être débarrassée… Je m’apercevais être de nouveau possessive, ne supportant pas qu’il me délaisse.

Pire chose encore, j’étais jalouse des moments que Nicolas passait avec Julia. Leurs moments intimes et aussi leurs moments ensemble tout court, sont devenues petit à petit des choses que je vivais très mal malgré le fait qu’ils aient toujours été ensemble. Comme Julia l’a si bien expliqué dans son dernier article, il y a également l’impression que l’on sera toujours la deuxième. L’autre chose est cette sensation que Julia et Nicolas ont tellement de choses en commun que moi je n’ai pas avec lui. Le temps qu’il décide de passer avec elle, c’est un temps qu’il a choisi de ne pas passer avec moi. Si il couche avec elle, c’est que c’est elle qu’il désire là et pas moi. C’est le genre de réflexions qui me passent par la tête et qui me rendent profondément triste. Au jour d’aujourd’hui, je me suis faite à cette idée et je vis beaucoup mieux leur relation même si j’appréhende encore et toujours leurs moments intimes lorsqu’ils auront emménagés.

La jalousie est un sentiment très étrange… Quand elle me saisit, je sens de la chaleur qui m’envahit, mon corps qui se crispe. J’ai la gorge nouée et du mal à faire comme si de rien n’était. Pour exemple, une fois, alors que j’avais Julia au téléphone, elle me parle du fait que Nicolas a envie de rencontrer une fille, amie d’amis. Cette fille est sur Facebook notamment d’où il la suit. Elle poste régulièrement des photos d’elle dénudée. Et voilà Nicolas la trouve extrêmement jolie et souhaitait faire sa connaissance car c’est une amie d’amis ! Sur le coup, je pouvais difficilement dire quelque chose. Je me suis retrouvée comme tétanisée. A chaque fois que je fais une crise de jalousie, je ressens la même chose que si l’on m’avouait m’avoir trompée. Ca me fait une sorte d’électrochoc tétanisant. Ensuite je passe par de nombreuses phases : la colère, la tristesse, etc. « Pourquoi elle ? pourquoi vouloir la rencontrer ? Il m’a moi, il a Julia alors pourquoi ce besoin de voir d’autres filles en fait ? ». J’ai tendance à me renfermer sur moi même, en me disant que je vais le gérer, je vais le gérer, et bien des fois, je le gère pas. Donc cela finit à un moment donné par exploser. Charlotte la cocotte minute…

Comme toujours après une crise de jalousie, lorsque je redeviens calme et lucide, j’ai presque toujours honte d’avoir été jalouse. Je culpabilise de ne pas pouvoir gérer plus sereinement les rapports de ceux que j’aime avec les autres. J’en ai presque l’impression d’être schizophrène tellement je me sens différente. Il me vient à penser que j’aimerais être tellement complète et suffisamment intéressante à tous les niveaux pour qu’ils n’aient pas besoin de voir d’autres personnes.

J’ai aussi beaucoup cherché à comprendre pourquoi je suis si jalouse avec Nicolas. Je crois qu’au fond, je ne me sens pas en sécurité avec lui. J’ai tendance à penser que tant que j’aurais cette impression, cette jalousie n’arrivera pas à s’en aller. Il est loin aussi et pas très démonstratif. Il a du mal à gérer une relation à distance, ce qui fait que j’ai l’impression de ne pas exister à ses yeux. Les choses vont certainement changer lorsqu’ils seront ici, je l’espère sincèrement.

J’essaye de lutter avec moi même avec mon envie d’enfermer ceux que j’aime dans un espace délimité, de ne voir que des gens « pas dangereux ». Je combats jour après jour ce besoin de les posséder. Pour le moment, je m’en sors plutôt bien. Je n’ai jamais interdit à quiquonque de voir qui que ce soit, quoique l’envie était bien présente parfois, mais je refuse de faire cela. Ensuite, je bouillonne intérieurement dans mon coin et la jalousie me grignote. Malheureusement à part essayer de faire avec et continuer d’essayer d’accepter que mes amoureux puissent trouver d’autres personnes intéressantes, il n’y a pas beaucoup de solutions. Et croyez moi, j’essaye. Qu’il est difficile de se battre contre soi même…

Crédits: In solitude par Redwood 1

De l’air, de l’air…

On n’est pas des surhommes, on n’est pas meilleurs que vous. La jalousie, problème épineux de la relation polyamoureuse est souvent la chose pointée du doigt lorsque la dite-relation est annoncée : « Ah mais comment tu fais pour partager ta femme/ton homme ? Moi je pourrais pas. » Pour vous rassurer, je ne peux pas vraiment non plus. Sauf que c’est plus compliqué que ça.

A la base, je n’ai été confronté qu’à la situation : Nicolas avec Charlotte. Ca ne s’est pas fait sans mal. Et même si maintenant, ça va plutôt mieux et que je n’éprouve que très très rarement des pointes de jalousie envers ce couple en particulier, et bien, elle est toujours un peu présente. Je suis comme je suis, et j’ai toujours ce besoin d’être rassurée et réconfortée. Effectivement, j’ai pu avoir un regard sur ce couple qui s’est formé. Il y a eu moult discussions et séances de câlin où il me rassurait sur les sentiments qu’il avait toujours pour moi. Ca s’est fait plus ou moins en douceur, en fait.

Là où le bat blesse, c’est que malgré que j’ai toujours eu plus ou moins à « partager » Christophe avec Charlotte… Et bien c’est quand même de ce côté-ci que j’ai le plus de mal. Plus j’y pense, plus ça me parait complêtement con étant donné que je n’ai pas connu Christophe sans Charlotte. Oui, mais, justement. Je jalouse leur 5 ans d’amour. Même si des années passent, ils auront toujours 4 ans d’avance. Je serais toujours « la nouvelle ». Celle qui le connait moins. Je jalouse le fait que vis à vis de la famille, je suis pour ainsi dire pas grand chose. La nouvelle arrivée, la nouvelle « lubie ». D’ailleurs je suis même pas présentée en tant que chérie à tout le monde. Alors que Charlotte, si.  J’avais déjà cette espèce de sentiment de jalousie au tout début, avant de bien la connaître, avant même de savoir que j’étais amoureuse de Christophe, j’étais en colère contre cette femme qui le connaissait déjà et avait l’honneur d’être à ses côtés tout les jours.

Je jalouse le fait que quoi que je fasse, quoi qu’il arrive, elle aura toujours une longueur d’avance sur moi par rapport à lui. Elle aura sûrement déjà vécu tout ce qu’on vit actuellement, les phases, étapes importantes, etc… Elle a déjà vécu l’année d’amour à distance, et l’emménagement, et la vie avec lui au début,… Alors oui, elle peut m’être une précieuse aide si jamais je suis perdue, mais d’un autre côté, il y aura toujours cette pointe de jalousie qui me chuchotera à l’oreille « elle était là avant, elle a déjà vécu ça avec lui ». L’impression d’être constamment mise de côté car leur relation est plus vieille donc plus importante.

L’impression d’être l’amante/la maîtresse. D’être un bouche trou : on fait tout en fonction de Charlotte.On doit faire attention aux sentiments de Charlotte, à si elle est triste, si elle se vexe, si elle prend mal certaines choses, et je dois plier et faire attention à tout sans qu’on fasse pareil pour moi. Mais pourquoi je me plaindrais ? Je suis la seconde arrivée qui devrait déjà être contente d’avoir cette place là.

C’est sûrement malsain, mais je n’y peux rien. C’est comme une compétition que je ne pourrais jamais gagner. Et je me déteste pour cette jalousie, car j’aime Charlotte.
Voilà pourquoi, même si la logique et la rationalité voudraient le contraire, je suis jalouse. Maintenant, à moi de trouver comment contrer ça.

Crédits: Jalouse de Mademoiselle K et illustration par Lala Gallardo

De la jalousie.

Gollum

Je ne suis pas jaloux. Je ne l’étais déjà plus le premier week-end. Je ne pourrais pas situer exactement le moment où ce sentiment a (définitivement ?) disparu.

D’un côté c’est très agréable de ne plus avoir mille pensées qui vous traverse l’esprit dès que l’autre fait quelque chose en solo, de l’autre c’est maintenant assez dur pour moi d’être confronté à la jalousie de chacun.

Parce que oui, ça aurait été trop simple si tout le monde pouvait avoir le même avis. Mais de nous quatre, je suis le seul à ne pas être jaloux.

De mon point de vue, la jalousie est un reflet du manque de confiance. En soi, en l’autre. Quand j’étais jaloux, j’avais peur que l’autre puisse m’abandonner ou trouver mieux. Je l’ai pratiquement toujours étouffé car n’ayant aucune envie d’être possédé, je ne veux pas donner l’impression à mes compagnes qu’elles m’appartiennent et doivent me rendre des comptes sur leur moindres faits et gestes. C’est donc quelque chose que j’ai combattu durant tout ma vie sentimentale.

Mais c’est terminé tout ça. D’une part mon narcissisme m’encourage à penser que trouver mieux serait compliqué (Christophe et moi ? On est le combo gagnant), et d’autre part j’ai confiance en l’amour que Julia et Charlotte me portent.

Le mauvais côté, c’est que cela amplifie certaines craintes qu’ont Charlotte et Julia. Pour elles (à des degrés différents) si je ne suis pas jaloux, je n’ai pas peur de les perdre, c’est donc que dans le fond je ne tiens pas réellement à elles. Je n’ai pas encore trouvé la réponse qui les rassurerait. il faudrait, à mon avis, qu’elles gagnent elles aussi en confiance. Qu’elles puissent accepter que nous ne les avons pas choisies parce que Christophe et moi ne trouvons pas mieux. (En un sens c’est vrai, mais la barre est très haute ^_^)

Ca va, je gère trop bien la distance

Suite au jour de l’an, une grande période à vide commence entre deux retrouvailles. La date fixée, le 18 février, allait nous imposer presque deux mois d’absence. Se met alors en place un processus « d’absence » qui va se répéter à chaque fois que l’on se sépare.

La première semaine, c’est le vide. Le vrai vide intersidéral, pas le vide fait dans un sachet de conservation à l’aide d’un appareil de télé-achat acheté en plusieurs fois sans frais. C’est vraiment à ce moment là que la non-présence se fait la plus violente. Ceux qu’on déjà vécu des relations à distance connaissent bien ça. En plus j’avais déjà donné de ce côté là avec Charlotte lors de notre première année ensemble. J’ai dû prendre un forfait la-distance-tu-vas-en-bouffer sans m’en rendre compte parce que j’ai dû encore omettre de lire les petites lignes en bas du contrat. Le fait d’être quatre ça joue certainement aussi. Cela fait du monde, de la vie… et plus rien.

La seconde semaine, on s’occupe la tête au travail, on reprend ses habitudes de couple à deux et on remonte doucement la pente. C’est généralement durant cette période que l’absence est la plus supportable.

La troisième semaine, est une succession de hauts et de bas, de moments calmes et agressifs, de moments sereins et de déprime. Cela oscille entre « ça va, je gère trop bien la distance » (l’auto-persuasion a, je pense, un rôle salvateur) et entre « je n’en peux plus, elle me manque à en crever ».

C’est alors que la semaine suivante est habituellement celle où l’on craque. On fait les fonds de tiroirs pour tenter d’amasser suffisamment de centimes d’euro pour payer le voyage, on recherche des trajets en train optimisés financièrement, on recherche des trajets en covoiturage, etc. Si aucune solution satisfaisante est trouvée, ben… euh… on repart pour la troisième semaine, on remet les sommes en jeu, on ne gagne pas le dictionnaire offert par le partenaire et ainsi de suite jusqu’à la grande finale.

C’est donc au bout de trois semaines après le séjour du jour de l’an qu’avec Julia et Nicolas on organise un week-end complètement à l’arrache. Nicolas me demande alors de ne pas en parler à Charlotte car il souhaite lui faire la surprise. Julia quant à elle était bien obligée de me mettre au courant car elle sait très bien que je déteste les surprises de ce genre. Lorsque quelqu’un arrive à l’improviste, j’ai plus tendance à lui fermer la porte sur la gueule plutôt que de l’accueillir les bras ouverts en disant « Hoo… ça me fait plaisir de te voir. Des fleurs ? Hoo… fallait pas. »

Je sais, je suis un garçon très sociable (ceci étant dit j’aime bien qu’on m’offre des fleurs).

Le soir de leur arrivée a été un vrai calvaire. D’habitude on est deux à partager l’anxiété de leur arrivée, à tourner en rond, à se dire « Mais qu’est ce qu’ils foutent », à sautiller sur place. Là il fallait que je garde ça pour moi, et que notamment je fasse en sorte d’organiser la soirée pour que Charlotte ne s’endorme pas trop tôt. Je devais rester alerte au cas où j’entendais une voiture passer dans la rue. Alors qu’on regardait un film dans le lit, je descends retrouver Julia et Nicolas alors que lui remonte prendre ma place. Elle a eu du mal à réaliser mais au final elle était contente et c’est bien le principal. En étant dans la connivence j’étais aussi heureux de lui « offrir » un moment comme celui-ci.

Le week-end passe, le processus « d’absence » recommence et si vous ne savez pas de quoi je parle c’est que vous avez lu ce billet en diagonale parce que vous le trouvez trop long.

Ce sera ainsi jusqu’à nos vacances de février, une semaine ensemble à la maison, un avant-goût de la vie à plusieurs… Les modes de vie se confrontent. Nous sommes deux couples ayant pris chacun leurs habitudes qui fusionnent. Il y a eu quelques tensions que Charlotte a bien résumé dans son billet Allers et retours. Pour ma part, ce n’est pas non plus insurmontable et demandera juste un temps d’adaptation. La semaine passe très vite et on s’habitue très vite à leur présence rendant leur départ encore plus difficile.

Allers et retours

Rentrés déprimés du week end du jour de l’an passé chez Julia et Nicolas à Strasbourg, nous savions que nous ne les reverrions pas avant un bon moment. Cette idée nous rendait comme à chaque fois, extrêmement tristes. Avec Nicolas, on peut dire que nous étions passés à la phase où le sexe était un peu moins fréquent et où nous essayions de faire des activités tous les deux. La prochaine fois où nous devions nous voir serait pour leurs vacances de février. Ils avaient fixé une semaine qu’ils passeraient à la maison, mais c’était deux mois plus tard… Ma surprise fut totale quand un vendredi soir à la fin du mois de Janvier, alors que nous regardions une série dans notre lit, Christophe se leva pour aller éteindre la chaudière et… dans la pénombre, je vis rentrer quelqu’un qui ressemblait à Nicolas. En fait c’était bel et bien lui. Mais comment ? Par quel moyen ? Je mis un temps infini à me remettre de cette surprise, toute la soirée en fait. Je me suis donc endormie tellement heureuse de cette surprise. Le matin au réveil, j’étais bien heureuse de constater que ce n’était pas un rêve, mais que mon amoureux était là à côté de moi. Je ne me souviens plus vraiment du reste du week-end qui est passé à la vitesse de la lumière.

Ils repartirent jusqu’au 18 février et revinrent pour un petit peu plus d’une semaine. Entre les deux, il s’agissait comme toujours d’une phase de « creux ». Contente de retrouver Christophe rien qu’à moi, j’étais toujours très frustrée du peu de temps où je voyais Nicolas. L’impression de ne pas pouvoir apprendre réellement à se connaître. Avec Christophe, nous nous appercevions que nous parlions très fréquemment de Julia et Nicolas. Ils nous manquaient et c’était difficile de ne pas y penser. Nous nous étions dit, tous les quatre, que ce séjour prolongé nous ferait office d’une sorte d’expérience pour une éventuelle vie à plusieurs. Car l’idée qu’ils emménagent dans notre maison en Picardie était en bon chemin dans nos esprits.

Le premier soir de ces vacances, ils arrivèrent accompagnés du frère de Nicolas qui devait se rendre sur Paris ce week end là. Nous devions le déposer à la gare le lendemain matin. C’était la première fois que nos retrouvailles allaient se faire sous le regard d’une autre personne. Son frère était au courant de notre relation, bien entendu. Il ne parut nullement gêné de nous voir nous embrasser à leur arrivée, ni de constater que Julia dormait avec Christophe et Nicolas avec moi. Tout se passa comme prévu et son frère partit le lendemain. Les vacances pouvaient commencer ! Nicolas avait décidé d’apporter son ordinateur afin de nous puissions profiter de cette semaine pour jouer en ligne à un jeu auquel il m’avait initier en fin d’année : Wow. Depuis j’y joue régulièrement, j’avoue ! Nous allions donc pouvoir y jouer l’un à côté de l’autre.

La semaine se déroulait parfaitement, mais des premières choses sont apparues dans cette vie quotidienne à quatre. Car, et bien oui, quand on vit à plusieurs, il y a des taches ménagères et il faut faire à manger et la vaisselle pour tous. Il n’y a pas que du plaisir et du divertissement, il y a aussi du travail et des taches domestiques. Les rôles avaient du mal à s’instaurer. Quelques tensions entre Julia et Nico à ce sujet éclatèrent. Nous étions déjà au courant des quelques désaccords qui pouvaient exister à ce sujet, mais là c’était la première fois que nous y étions confrontés Christophe et moi. Les choses passèrent bien entendu, mais cela soulevait des points importants pour notre vie à quatre envisagée.

Durant ce séjour, je pus remarquer aussi qu’avec Nicolas, notre début de relation passionnel était bel et bien passé. Là dessus, je me suis aperçue d’un décalage entre lui et moi. Pour moi, nous étions encore dans notre début de relation. J’étais très demandeuse de moments intimes avec lui, ce qui était beaucoup moins son cas. Je commençais à le ressentir et c’était assez difficile à gérer pour moi et j’imagine aussi pour lui d’une certaine façon. Le fait que ce soit désormais plus dans la précipitation, nos rapports s’espaçaient. Je découvrais avec mon nouvel amoureux une différence de libido précoce (pour moi) qui n’était pas très agréable.

Nous avions prévu une journée à Amiens, Nicolas et moi. Cela permettait à Christophe et Julia de profiter pleinement de la maison le temps d’une journée et d’une nuit et, de notre côté de passer une journée simplement tous les deux. Nous avions prévu de dormir dans un petit hôtel avec une baignoire pour prendre un bain ensemble. Je me faisais une véritable joie de partager une journée et une nuit entière rien qu’avec lui. Nous nous sommes beaucoup baladé, sommes allé au zoo de la ville et avons dîner dans un très bon restaurant indien. Finalement, Nicolas a beaucoup trop mangé et fatigué de sa journée à marcher, s’est endormi sur le lit alors que nous discutions. Pas de bain donc. ^^ Le lendemain, petit déjeuner, petit tour à la cathédrale et hop, nous voilà sur la route du retour.

Les derniers jours passèrent très vite et ils étaient de nouveau repartis. Encore une fois…

Crédits:  Route 66 par Verismovita

Tender grass

Attention ! Cet article parle explicitement de relation sexuelle.

Si vous êtes mineurs ou si vous ne souhaitez pas lire ce genre de texte, je vous conseille de quitter la page. Sinon, Bonne lecture !

Nous avions décidé de passer nouvel an tout les quatre. C’était un moment important pour Charlotte, quelque chose qui lui tenait vraiment à coeur, de passer le glissement vers la nouvelle année avec nous. Je trouvais ça touchant que ça lui importe autant, même si pour moi, nouvel an n’avait pas de signification particulière. Mais qu’importe, c’était l’occasion de les revoir, de passer du temps ensemble et même, pour moi et Christophe, d’avoir du temps rien qu’à nous deux lorsque Charlotte mangerait avec Nico.

Le week-end s’est plus ou moins bien passé. Les retrouvailles avec Christophe étaient agréables, et je le découvrais sous un autre jour, vu que ce week-end là nous n’avons pas QUE baisé et avons discuté longuement. ^^

La seule chose qui faisait un peu d’ombrage à ce petit week-end, était la tension qui régnait entre moi et Charlotte. Quelque chose qui n’avait pas encore fait son apparition avant… Dès que je faisais une remarque, disais quelque chose, faisais de l’humour (bon ok, mon humour est pas forcément super compréhensible et c’est pas rare qu’on le prenne mal) elle se braquait et devenait agressive. C’était compliqué pour moi de comprendre ce qui se passait et pourquoi elle réagissait comme ça. Nous avons eu plus tard une discussion autour de ça, sur le fait que des fois, elle n’interprétait pas les choses de la manière que je souhaitais. C’est quelque chose qui a plus ou moins disparu maintenant, on s’habitue à mon humour de merde faut croire. ^^

Le week-end passé, le temps nous paru long sans eux… Nous ne devions les revoir que 2 mois plus tard! Alors nous avons fait ce qui devra devenir une habitude : Week-end surprise à mi-parcours ! On n’avait pas prévenu Charlotte de notre séjour… Christophe était dans la confidence car il est du genre « angoissé de la surprise », donc pour pas le stresser et pour éviter qu’il nous ferme la porte à la figure, on l’a prévenu, quand même.

On est arrivés, sans un bruit, Christophe est descendu, prévenu par un SMS, prétextant qu’il allait éteindre la chaudière un truc comme ça, et Nico est monté à sa place… J’aurais bien voulu voir la tête de Charlotte… Bref ^^ A part ça, le week-end était génial… Même si Charlotte est tombée sur quelque chose qu’elle n’aurait pas dû voir en montant dans la chambre que Christophe et moi occupions… Un accessoire un peu « étrange » on va dire, qui ne laissait pas beaucoup de doute sur la relation que Christophe et moi entretenions. C’est à cette occasion, que nous décidions d’en parler à Charlotte et à Nico. Leur expliquer que Christophe était mon Maître et moi sa soumise a pas été super facile, déjà que pour nous c’était compliqué… Nico n’a pas voulu en entendre parler au début, enfin surtout des pratiques que nous pouvions avoir. Je me suis pour la première fois, avec lui, heurtée à un mur d’incompréhension, je tombais de mon petit nuage.  Il n’appréciait pas forcément que je lui raconte mes pratiques et ce que je faisais avec Christophe. Ce qui peut aisément se comprendre.

Mais j’ai toujours été de la politique du « je dis tout, je raconte tout à mes chéris », ce qui ne plait pas forcément à tout le monde. D’ailleurs j’étais la seule à penser comme ça et à apprécier la transparence totale. J’ai du changer mes habitudes et garder un jardin secret. Tant pis, mes histoires je les garderais pour moi à l’avenir.

Crédits: Growing From Within’ by Mary Frances

Titre chanson : Tender grass by June & Lula

Coming out, comme ils disent.

Christophe et Charlotte ont décidé de passer par la méthode compliquée (mais anonyme et gratuite) pour faire leur dépistage : Prise de rendez-vous dans un centre, un entretien avant, une semaine pour recevoir les résultats, un entretien après pour l’annonce des résultats par un médecin.

Julia et moi (surtout moi) avons choisi la simplicité (remboursée par la sécu) : Ordonnance du généraliste, prise de sang dans un labo, résultats le lendemain dans la boite mail.

Mais pour éviter l’attente chez le généraliste, je décidais de passer par le médecin de famille. Il me fallait donc demander les ordonnances à ma mère. Et lui expliquer du même coup pourquoi nous voulions nous faire dépister à nouveau après un an et demi.

C’est que je la connais ma mère : Si il faut un deuxième dépistage, c’est qu’il y a situation à risque. L’un de nous avais forcément fauté. Il n’était donc pas question de la laisser dans ce flou artistique, à imaginer l’un de nous deux assez bête pour avoir une relation extra-conjugale sans protection…

Je lui ai appris un soir sur GTalk (ma maman est à la pointe de la messagerie instantanée). Comme d’habitude quand je lui ai dit que j’avais un truc à lui dire elle a mis le doigt dessus (ou presque) avant même que je fasse quoi que ce soit: « Vous faites de l’échangisme ». Des fois je me demande comment elle fait, peut-être balance-t-elle le truc qu’elle pense être le moins possible.

Evidemment elle n’a pas compris. Malgré sa grande ouverture d’esprit et sa tolérance, c’est une mère et elle voudrait que ses fils restent dans la norme établie. (Mon frère est mieux parti que moi sur cette route.) Mais elle a aussi fait le choix il y a longtemps de me laisser prendre mes propres décisions et de me soutenir en cas de pépin. Donc même si elle estime qu’il n’y a pas d’avenir entre nous quatre, elle a surtout peur que je termine à la rue, dévasté et sans emploi. Des craintes somme toute normales.

Je ne sais pas comment elle a annoncé la chose à mon père, ni quelle a été sa première réaction (nous ne sommes pas vraiment très proches). Je n’ai connu son avis que récemment et il m’a surpris : Il vaut mieux pour moi que je fasse mes expériences étant jeune, plutôt que d’avoir envie de tout plaquer à 40 ans parce que j’estimerai ne pas avoir vécu.

Mon petit frère l’a appris de manière assez amusante. Je devais profiter d’un de nos trajets pour le transporter à Soissons, d’où il prendrai un train pour rejoindre des potes sur Paris. Il devait passer une nuit avec nous et je n’avais aucune envie de cacher notre relation durant la soirée. J’ai donc annoncé mon intention à ma mère qui m’a conseillé de ne pas lui dire, ne sachant pas quelle réaction il pourrait avoir.

Il était au courant que j’avais une annonce à lui faire quand il reçu un sms de ma mère : « Ne lui dit pas, il est encore jeune (18 ans… ndla) il va perdre ses repères… », elle s’était trompée de destinataire et avait écrit à lui au lieu de m’écrire à moi.

Sa réaction ? Je pense que c’est lui qui a eu la meilleure de toutes les personnes au courant : « Bah tu fais ce que tu veux hein. »

Au final, c’était peut-être plus simple de passer par un centre de dépistage…

Crédits: Titre de la chanson titre: Coming Out par Les Fatals Picards

Avec la SNCF, tout est possible

Attention ! Cet article parle explicitement de relation sexuelle.

Si vous êtes mineurs ou si vous ne souhaitez pas lire ce genre de texte, je vous conseille de quitter la page. Sinon, Bonne lecture !

Pendant le mois de décembre, à mon tour je me suis conforté dans l’idée que j’étais amoureux de Julia. Je ne sais pas si c’est le fait que Charlotte ait révélé ses sentiments et que du coup ça m’a « autorisé » à les avoir également, mais peu importe. Je m’en suis vraiment rendu compte avec la distance et le manque… le manque de ne pas la voir, la toucher, la sentir et pour ainsi dire ne rien pouvoir partager. La personne devient « trop » présente dans nos pensées. On se demande ce qu’elle fait. On se dit qu’on aurait bien aimé faire telle ou telle chose avec elle. C’est la naissance d’une grande frustration et d’une jalousie qui s’amplifiera encore plus tard.

Nous avions donc prévu de nous rendre à Strasbourg pour le jour de l’an. Ce que nous n’avions pas pris en compte, c’était les conditions climatiques. Faute de moyen, Charlotte avait prévu un trajet en train le moins cher possible. Attention, tenez-vous bien. Nous devions prendre un bus pour aller de notre bled à Soissons. De là nous devions prendre un train jusqu’à Laon. Après, un autre train pour arriver à Reims. Il y avait là une correspondance obscure entre deux gares de Reims et enfin un train pour terminer à Strasbourg. Cela faisait pas moins de cinq moyens de transports pour arriver à bon port. Entre temps les températures étaient devenues négatives, la neige et la glace avait recouvert les routes. Autant dire que avec notre confiance placée en la SNCF concernant la ponctualité, nous avions un pourcentage conséquent pour passer le réveillon bloqués au milieu de notre trajet.

Cet aparté fait, nous abandonnons ce trajet périlleux (et de surcroît nos billets achetés en avance) pour un autre plus sûr et plus cher en passant par Paris. Quelques longues heures de train plus tard, sur le quai, la voix enregistrée en français et allemand nous confirme que nous sommes arrivés victorieux à Strasbourg. Nous retrouvons Julia et Nicolas et nous dirigeons chez eux où nous passerons quelques jours.

Les premiers d’entre eux se font surtout à trois alors que Nicolas travaille et nous retrouve seulement le soir. Charlotte fait en sorte de nous laisser, Julia et moi, un maximum de temps tous les deux. Je passe toutefois un après-midi en compagnie de Charlotte pour faire quelques courses dans le centre. Cela nous permet de nous retrouver avec nostalgie dans cette ville où nous avions passé trois années de notre vie tous les deux. Nous en profitons également pour passer à une bijouterie ou je me décide à prendre une bague à offrir à Julia. C’était plutôt cocasse car la vendeuse pensait au départ qu’elle était pour Charlotte.

Le reste du séjour à quatre se passe plutôt bien et nous nous efforçons de passer alternativement du temps à l’extérieur de l’appartement car l’intimité est loin d’y être optimale. Une fois où Julia et moi allons fumer une cigarette à l’extérieur. Nous discutons un long moment dans le froid glacial de Strasbourg. Nous nous décidons à rentrer nous réchauffer. En ouvrant la porte, nous voyons Charlotte à genoux en train de prodiguer une fellation à Nicolas en plein milieu du salon. Ça me fait l’effet d’une bombe. Je me doute bien qu’ils font ça et bien plus mais je n’étais sans doute pas préparé à être confronté à ça. A un autre moment nous sommes tous les quatre dans le salon. C’est là que j’entends Charlotte gémir entre les mains baladeuses de Nicolas alors qu’ils se tenaient à côté de nous. Ce genre de moments avant vraiment tendance à me crisper. Mais bon… je ne souhaitais pas gâcher leur temps ensemble, ni le notre, alors je n’avais plus qu’à prendre une grande respiration et passer outre. Il serait toujours temps d’évoquer ça plus tard.

Fin du séjour, départ dans l’autre sens vers 5h du matin. Nous nous retrouvons dans ce Strasbourg-Paris, fatigués et déprimés. Pour ma part, je n’en peux plus de ce trajet. Je l’ai fait tellement de fois, tellement… Heureusement, les souvenirs des moments partagés en compagnie de nos amoureux permettent de supporter le voyage.

Finie la rigolade

Les choses évoluaient très rapidement. Ce deuxième week-end avait apporté quelque chose de nouveau dans cette expérience à quatre. Il y avait un nouvel élément. Il y avait des sentiments entre Nicolas et moi. Suite à cela, ma jalousie habituelle est réapparue petit à petit. Sauf qu’elle ne concernait toujours pas la relation que Christophe entretenait avec Julia, mais celle que Nicolas avait avec Julia. Et oui ! Une toute nouvelle jalousie était née. Les sentiments apparus avaient apporté avec eux quelque chose dont je me serais bien passé. A distance, il était bien évidemment très difficile de passer du temps ensemble, de partager des moments de complicité, d’amour alors qu’il les vivait avec Julia. Ses moindres gestes, mots d’affection envers Julia étaient autant de choses que j’avais du mal à accepter. Et pourtant, ils étaient ensemble avant ! Alors pourquoi ces pensées ? Pourquoi cette jalousie ?

Suite à ces deux premiers week-ends à quatre, nous avions officialisé notre relation car nous nous sentions bel et bien un couple à 4 et plus simplement deux couples qui se rencontrent de temps à autre pour passer de bons moments. Nous avons décidé de passer le jour de l’an ensemble. Christophe et moi allions faire le déplacement en Alsace cette fois. Arrivés quelques jours avant cet « événement », Nicolas avait encore deux jours à travailler alors que nous étions là. Les matins je le voyais donc partir au boulot. Je passais la matinée, pas très à l’aise avec Christophe et Julia. Ils se levaient relativement tard, faisaient des câlins du matin prolongés alors que je tournais en rond dans un salon qui n’était pas le mien. Heureusement nous avions prévu avec Nicolas que j’irais le retrouver pour manger avec lui les midis. J’étais vraiment contente de m’échapper un peu de l’appartement et de découvrir plus encore la vie de mon nouvel amoureux. Sa pause passait très rapidement et je devais donc repartir tout aussi vite. Les après-midi étaient généralement plus détendus, mais je n’arrivais pas à trouver ma place dans un trio. Je me mettais automatiquement à l’écart jugeant que c’était à Julia de profiter de Christophe à ces moments précis. J’attendais avec grande impatience l’arrivée de Nico le soir. Lorsqu’il était là, les choses étaient à nouveau équilibrées.

Une chose cependant m’énervait profondément. Dés que Christophe était occupé ailleurs, Julia revenait automatiquement vers Nicolas au point qu’une fois alors que j’étais dans ses bras, elle s’est collé à lui. Je me suis donc rapidement levée pour les laisser tous les deux. Je prenais directement du recul, ne pouvant supporter d’être mêlée à une intimité, à leur intimité. Je faisais finalement ce que je faisais toujours en la présence de Julia avec l’un de nos chéris, je m’effaçais. Mais c’est vraiment durant ce séjour que j’ai pu m’en rendre compte.

Avec Nicolas, nous avons également partagé notre première sortie à deux dans les rues de Strasbourg. Le soir du jour de l’an se passa très bien. Julia avait préparé un bon repas japonais. Durant ces quelques jours, nous avons eu un semblant de vie commune. Cela me laissa aussi avec quelques interrogations. J’avais l’impression qu’il me fallait compartimenter mes relations et que j’aimerais que les autres en fassent autant. Car ce que je voyais comme des intrusions dans « mon moment avec Nicolas » de la part de Julia était simplement qu’elle profitait de ses deux amoureux en même temps sans problème alors que ce n’était mon cas. J’avais besoin de mes moments à moi et rien qu’à moi. Christophe avait la même vision des choses. Nous avions tous les deux besoin de séparer des instants, de posséder l’autre rien qu’à nous pendant une certaine durée. Après réflexion et beaucoup de discussions à quatre, il s’est bien entendu avéré que ce n’était pas faisable. J’étais tiraillée entre ce besoin de posséder Nicolas et ce couple à quatre. Comment gérer le fait de ne pas être la seule ? Comment gommer ma jalousie ? Et pourquoi cette jalousie était plus prononcée concernant Nicolas que Christophe ?

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