Trouves un autre rocher, petite huître perlée

Chemin enneigéAprès plusieurs mois de vie commune, nous n’en pouvions plus. Je n’en pouvais plus, il n’en pouvait plus. C’est bête, mais je n’avais jamais pensé au fait que l’on pourrait se séparer pour un vie à deux conflictuelle. Je n’avais pour exemple que ma relation avec Christophe, avec qui se passait sans accros. Mais voilà, après plusieurs mois, le constat est là. Nous ne pouvons pas vivre ensemble, Nicolas et moi. Nos caractères de vie, bien trop différents, rentraient en conflit permanent. Cela se résolvait avec des « je ferais des efforts », puis rebelote un mois ou deux mois plus tard quand ma cocotte minute explosait. Jusqu’au point, ce point que nous avons atteint le mois dernier : cela ne peut plus continuer.

Malgré tout, j’aime Nicolas, mais je ne le supporte pas. C’est étrange n’est ce pas ? Alors voilà, il va retrouver son Alsace tant aimée. Et moi, je vais continuer mon bout de chemin ici, toujours du côté de la Picardie, parce que je m’y plais, que j’ai commencé des choses ici. Cette décision est arrivée, quand j’y pense, très tardivement, par rapport à tous les conflits que nous avons pu avoir. Nous avons voulu essayer et essayer encore, mais force est de constater que ça ne pouvait pas marcher. Il était temps de se rendre à l’évidence. Evidence que je ne voulais surement pas voir par peur de l’après. Si il part, que va-t-il se passer ? Nous allons être à trois ? Julia, Christophe et moi ? Mais comment cela peut être possible ?

Tous les trois, nous nous sommes désormais faits à l’idée.  Avec le départ de Nicolas, je ressens une grande tristesse, mais aussi une forme de soulagement. C’est dire à quel point je n’en pouvais plus. J’ai l’espoir qu’avec son départ, je retrouverai un mode de vie plus serein. Mais est ce que ce sera vraiment le cas ? Julia et moi, sous le même toit, avec pour seul compagnon, Christophe ?

Avec Julia, les conflits sont nombreux. Sa jalousie s’était envenimée mois après mois depuis leur emménagement, prenant toute la place, jusqu’à ce qu’il n’y en ai plus pour moi. Depuis quelques temps, elle essaye de faire des efforts là dessus, mais le « mal » n’est-il pas déjà fait ? J’ai tendance à penser que si, d’une certaine façon. Avec Christophe, nous nous sommes beaucoup éloignés. Aujourd’hui, nous devons tenter de réhabiliter, reconstruire notre relation qui avait été comme mise entre parenthèses. Nous nous aimons et en avons tous les deux envie. J’ai envie d’être optimiste sur le fait que si nous nous y mettons tous les deux, cela s’arrangera.  Je veux retrouver ma relation avec Christophe qui a été mise trop souvent de côté.

Elle sait, je sais, que désormais nous allons vivre à trois et que je vais arrêter de laisser la place en permanence.  Je ne veux pas vivre sans lui. Lui non plus. Il faudra donc que ça marche. Nous essayons de régler les problèmes à grands coups de conversations. A partir d’aujourd’hui, nous serons trois.

Ces mois passés à quatre, ont eu raison de ma sexualité avec Christophe.  Le désir n’est plus là de son côté, bien qu’il m’aime profondément. Je le vis plutôt mal, car au fond de moi, j’ai toujours l’espoir que cela ne soit qu’une passade. Notre relation prend donc une toute autre forme que celle qu’elle avait initialement. Nous verrons bien ce que cela peut donner. Dans ce lot d’incertitudes et de peurs pour l’avenir, je suis sure d’une chose : je l’aime et je ne veux pas le quitter peu importe la « tronche » de notre relation.

Gare de soissons

Parce que Nicolas part et que nous ne voulions pas que cela sonne le glas de notre relation, nous avons décidé de rester ensemble malgré tout. Etant bien consciente que je ne pouvais pas lui demander de rester fidèle et parce que j’ai mes propres besoins, nous avons décidé d’ouvrir notre couple. Je pourrais donc rencontrer, sortir, coucher avec d’autres personnes de mon côté et lui du sien.  Cette décision a été prise après concertation de nous quatre. Car Christophe et Julia resteront dans un mode de couple fermé. C’est une nouvelle aventure qui s’ouvre à moi. Je vais devoir surmonter beaucoup de peurs, d’angoisses, de jalousie. J’espère que j’y arriverais. J’espère que cela ne sera pas trop pour moi.

C’est le début d’une toute nouvelle aventure…

 

Crédits: Titre : Paroles de Jean Louis Aubert de la chanson « Voilà c’est fini »
Images : Photos de Charlotte

 

Quand les fondations sont trop fragiles

Pisa - the Leaning Tower - Italy

De manière assez ironique, le documentaire pour ARTE Radio que nous avons enregistré début novembre a été publié il y a quelques jours. Au moment même où je prenais la décision de retourner vivre en Alsace.

Ça n’a pas été une décision facile. Ça ressemble même beaucoup à un constat d’échec. En réécoutant ce reportage et en repensant à l’enregistrement, je me dis que tout couvait déjà à l’époque, et ça s’entend.

Quand Andrada (la documentariste venue nous interroger) est repartie après une journée passée à nous enregistrer, Christophe s’est exclamé: « On a quand même été vachement négatifs… »

Vous avez sentis à travers notre dernier article que quelque chose clochait. Qu’il y avait quelque chose de pourri au royaume des Poly4. Effectivement.

Je n’arrive pas à vivre ici. Je végète. Pas d’amis, pas de boulot, être constamment dans le même lieu avec les trois même personnes sans possibilité de s’évader. J’ai fini par assimiler ça à une prison, et je suis devenu invivable. Rajoutez à ça que Charlotte et moi n’arrivons pas à accorder nos modes de vie (et ce n’est pas faute d’avoir essayé) et vous avez une cocotte minute qui lâche la pression tous les deux mois à grands coups d’engueulades, de remise en question et de larmes. On aura essayé de toutes nos forces mais ça n’a pas été suffisant. Et des fois il faut savoir dire « Stop ». S’arrêter là avant d’en venir à se détester. Et trouver d’autres solutions.

Puisque ce qui me manque est ma vie à Strasbourg, je retournerais à Strasbourg. Et comme j’aime toujours Charlotte et Julia notre relation ne se termine pas là. Elle change. Certains diront qu’elle régresse, je veux croire qu’elle évolue, même si ce n’est pas de la manière habituelle. Mais qui croit encore que je suis capable de faire les choses normalement ?

Les Ponts Couverts - Strasbourg

Un autre changement majeur se profile, puisque mon retour en Alsace signe la fin de la Poly-fidélité. Ce concept qui faisait de nous non pas des polyamoureux mais des bigames exclusifs, avec les mêmes écueils : Jalousie, possessivité, peur de l’abandon. Charlotte et moi allons donc nous ouvrir à la possibilité de faire de nouvelles rencontres amoureuses.

Il va me falloir réapprendre à vivre seul, à gérer différentes relations, dont deux à distance. Apprendre aussi à réagir face à la jalousie que ressentiront sûrement Julia et Charlotte en sachant qu’il y aura d’autre(s) femme(s) dans ma vie. Les accompagner pour qu’elles la surpassent. Ou encore expliquer le polyamour à celles avec qui je désirerai m’investir.

Et puis il y a la tristesse de les laisser. S’en sortiront-ils tous les trois ? Sauront-ils trouver un nouvel équilibre ? Je l’espère, même si ce ne sera pas chose facile.

Une page se tourne, c’est un nouveau chapitre, mais ce n’est pas la fin.