Suite au jour de l’an, une grande période à vide commence entre deux retrouvailles. La date fixée, le 18 février, allait nous imposer presque deux mois d’absence. Se met alors en place un processus « d’absence » qui va se répéter à chaque fois que l’on se sépare.

La première semaine, c’est le vide. Le vrai vide intersidéral, pas le vide fait dans un sachet de conservation à l’aide d’un appareil de télé-achat acheté en plusieurs fois sans frais. C’est vraiment à ce moment là que la non-présence se fait la plus violente. Ceux qu’on déjà vécu des relations à distance connaissent bien ça. En plus j’avais déjà donné de ce côté là avec Charlotte lors de notre première année ensemble. J’ai dû prendre un forfait la-distance-tu-vas-en-bouffer sans m’en rendre compte parce que j’ai dû encore omettre de lire les petites lignes en bas du contrat. Le fait d’être quatre ça joue certainement aussi. Cela fait du monde, de la vie… et plus rien.

La seconde semaine, on s’occupe la tête au travail, on reprend ses habitudes de couple à deux et on remonte doucement la pente. C’est généralement durant cette période que l’absence est la plus supportable.

La troisième semaine, est une succession de hauts et de bas, de moments calmes et agressifs, de moments sereins et de déprime. Cela oscille entre « ça va, je gère trop bien la distance » (l’auto-persuasion a, je pense, un rôle salvateur) et entre « je n’en peux plus, elle me manque à en crever ».

C’est alors que la semaine suivante est habituellement celle où l’on craque. On fait les fonds de tiroirs pour tenter d’amasser suffisamment de centimes d’euro pour payer le voyage, on recherche des trajets en train optimisés financièrement, on recherche des trajets en covoiturage, etc. Si aucune solution satisfaisante est trouvée, ben… euh… on repart pour la troisième semaine, on remet les sommes en jeu, on ne gagne pas le dictionnaire offert par le partenaire et ainsi de suite jusqu’à la grande finale.

C’est donc au bout de trois semaines après le séjour du jour de l’an qu’avec Julia et Nicolas on organise un week-end complètement à l’arrache. Nicolas me demande alors de ne pas en parler à Charlotte car il souhaite lui faire la surprise. Julia quant à elle était bien obligée de me mettre au courant car elle sait très bien que je déteste les surprises de ce genre. Lorsque quelqu’un arrive à l’improviste, j’ai plus tendance à lui fermer la porte sur la gueule plutôt que de l’accueillir les bras ouverts en disant « Hoo… ça me fait plaisir de te voir. Des fleurs ? Hoo… fallait pas. »

Je sais, je suis un garçon très sociable (ceci étant dit j’aime bien qu’on m’offre des fleurs).

Le soir de leur arrivée a été un vrai calvaire. D’habitude on est deux à partager l’anxiété de leur arrivée, à tourner en rond, à se dire « Mais qu’est ce qu’ils foutent », à sautiller sur place. Là il fallait que je garde ça pour moi, et que notamment je fasse en sorte d’organiser la soirée pour que Charlotte ne s’endorme pas trop tôt. Je devais rester alerte au cas où j’entendais une voiture passer dans la rue. Alors qu’on regardait un film dans le lit, je descends retrouver Julia et Nicolas alors que lui remonte prendre ma place. Elle a eu du mal à réaliser mais au final elle était contente et c’est bien le principal. En étant dans la connivence j’étais aussi heureux de lui « offrir » un moment comme celui-ci.

Le week-end passe, le processus « d’absence » recommence et si vous ne savez pas de quoi je parle c’est que vous avez lu ce billet en diagonale parce que vous le trouvez trop long.

Ce sera ainsi jusqu’à nos vacances de février, une semaine ensemble à la maison, un avant-goût de la vie à plusieurs… Les modes de vie se confrontent. Nous sommes deux couples ayant pris chacun leurs habitudes qui fusionnent. Il y a eu quelques tensions que Charlotte a bien résumé dans son billet Allers et retours. Pour ma part, ce n’est pas non plus insurmontable et demandera juste un temps d’adaptation. La semaine passe très vite et on s’habitue très vite à leur présence rendant leur départ encore plus difficile.