C’est deux semaines plus tard, après un week-end où j’étais allée voir Nicolas en Alsace (on se voyait environ toutes les deux-trois semaines), que nous avons réellement discuter de mon rapprochement géographique. Cette idée s’était bien implantée dans ma tête et dans la sienne. Étant quelqu’un d’une grande impatience, j’avais du mal avec l’idée que « bof, ce serait peut-être pour l’année prochaine ». Quand une idée est dans ma tête, difficile de l’en faire partir. Au retour de ce week-end, j’avais décidé d’en parler à Christophe. La décision n’était pas du tout prise, mais l’idée était belle et bien là dans mon esprit. J’estimais cela plus honnête de lui en parler en amont, plutôt que de le mettre devant le fait accompli.

Ce doit être l’une des décisions, les plus difficiles que j’ai eu à prendre de toute ma vie. Il n’y avait bien sûr pas que Christophe qui pesait dans la balance de « je reste en Picardie ». J’avais monté mon entreprise et mon atelier était dans la maison. Je louais également une toute petite boutique dans le village où nous habitions. Bref, j’avais investi dans le coin.

D’un côté, il y avait donc, Christophe avec qui j’entretenais une relation depuis 6 années déjà, une perspective de pouvoir relancer notre relation (notamment sexuelle qui était devenue inexistante depuis quelques mois), une vie professionnelle à son début mais bien installée, une vie à trois, à la campagne (chouette, mais sans vie sociale et la ville me manquait vraiment parfois), mais Nicolas à distance. Il faudrait placer notre relation à un autre niveau, voir se séparer car je n’étais vraiment pas sûre de pouvoir gérer une telle relation à distance.

De l’autre, déménager à Strasbourg, une ville où j’avais fais mes études et où j’appréhendais de retourner vivre, la perspective d’un logement seule, un coût de la vie beaucoup plus chère (et oui, ça compte quand on n’a pas beaucoup d’argent pour vivre), une vie sociale à nouveau, des loisirs et de la culture, un emménagement professionnel compliqué mais qui pourrait s’avérer bénéfique pour mon travail, être loin de Christophe (voir se séparer), mais retrouver Nicolas et pouvoir construire quelque chose ensemble sur de nouvelles bases, tout en sachant que ça pouvait ne pas fonctionner du tout vu notre expérience passée.

Lorsque j’en ai parlé à Christophe, je pense qu’il ne s’attendait vraiment pas à ce que je puisse songer à partir. Je pense que ça lui a fait l’effet d’un gros choc. IL m’a dit vouloir que je prenne ma décision rapidement. S’en suivit une semaine, vraiment atroce pour Julia, Christophe et moi. Pour Nicolas, cela ne devait pas être évident également, car il me sentait faire la girouette. J’avais besoin aussi qu’il me rassure sur le fait que si je déménageais, nous nous verrions régulièrement et qu’il ne me mettrait pas dans un coin. J’étais tiraillée entre ces deux possibilités qui s’offraient à moi. Et il faut bien le dire, j’ai une profonde angoisse des gros choix. Et si je me trompais ?

Une semaine très difficile plus tard, ma décision était prise. J’avais décidé de partir rejoindre Nicolas et Strasbourg. Pour Christophe, une relation à distance était inenvisageable et je pense que pour moi aussi. Nous avons donc décidé de nous séparer. En dehors de mon amour pour Nicolas, ce qui a pesé dans la balance, c’est la façon dont je me voyais vivre dans l’avenir. J’ai « su » que mon temps était fini à la campagne d’une certaine façon, que j’avais besoin de me retrouver moi. Je ne me voyais pas rester en Picardie, vivre une vie dénuée de sorties fréquentes, loin de tout et donc de la possibilité réelle de faire des rencontres. Je ne me voyais pas dans cette vie à trois, ayant déjà l’impression d’être un peu en trop. J’ai fais le choix d’un grand saut dans le vide, mais qui selon moi, ne pouvait que me faire grandir et qui, peut-être, était finalement le seul que je pouvais prendre. J’ai choisi de penser que ma relation avec Christophe ne pouvait pas redémarrer, du moins pas comme j’en avais envie et que de partir retrouver Nicolas me serait plus bénéfique.

Crédits:

Ektar par Erik Alfredo