Cela me parait bien loin maintenant. Nous avons laissé le blog en plan après le départ de Nicolas. Non sans volonté de le continuer, mais la chose a été remise à plus tard encore et encore (et, pour ma part, parce qu’il n’était pas évident de raconter les choses sans un certain recul). Alors que s’est-il passé entre aujourd’hui et fin Mars ? Et bien, beaucoup beaucoup de choses… Je vais donc reprendre le récit là où nous l’avions laissé.
Lorsque Nicolas est parti, je pensais réellement vivre cela comme une sorte de soulagement tellement la situation était devenue pénible au quotidien. J’avais mis mes sentiments pour lui dans un coin de ma tête, complètement obscurcis par notre quotidien chaotique. Il s’avère que cela n’a pas été le cas. Après son départ, je me suis pris mon amour pour lui en pleine figure. Il me manquait tellement. Tel un ras de marée qui m’a complètement submergé, je pleurais tous les jours de son absence. Je ressentais un profond sentiment d’échec et de beau gâchis concernant notre relation. Une fois passés, les gros sanglots de son départ, ont laissé place à un grand manque. Il est évident que passer d’une relation où l’on voit la personne tous les jours à une relation à distance, ça fait un grand vide.
Je redoutais également beaucoup les éventuelles rencontres de son côté (car nous avions ouvert notre couple). Ce fut deux semaines après son retour en Alsace, que j’appris qu’il recommençait quelque chose avec une ex. Leur relation précédente datait de quatre années plus tôt et n’avait durer que deux semaines.
Je l’ai très mal vécu, vraiment très mal. Pourquoi aussi tôt ? Alors que moi, j’étais dans une véritable phase de deuil de notre relation passée… J’avais le sentiment d’avoir été remplacée illico, alors qu’il venait à peine de partir. Cela m’a beaucoup fait souffrir. En plus de son absence, je devais maintenant gérer le fait qu’il voyait quelqu’un d’autre plus proche géographiquement que moi. Pour moi, la chose était claire : il ne m’aimait plus. Il n’avait pas osé rompre avec moi en partant. Une nana qui passe par là et hop ! Plus de Charlotte ! Lorsqu’il me l’a annoncé, j’ai très mal réagi. Je lui en voulais terriblement. J’avais l’impression que notre relation n’avait pas compté pour lui pour qu’il tourne la page aussi vite. Qu’il me dise que cela ne changeait rien à son amour pour moi, ne me consolait nullement. Pour moi, les faits étaient là…
Suite à cette « annonce », s’en ai suivi une période difficile où il a du beaucoup me rassurer sur ses sentiments. Et à coups de discussions, les choses se sont tassées et j’ai réussi à me raisonner et me faire à l’idée que ça y est : la phase poly réelle était enclenchée et j’allais en baver. Bien que j’avais du mal avec cette nouvelle relation, je voulais continuer avec Nicolas. Je voulais voir si je pouvais finir par m’y faire et peut-être moi aussi prendre du plaisir dans le polyamour.
Nous avions prévu de nous revoir deux mois plus tard lorsqu’il est parti. Finalement, je lui ai proposé d’aller le retrouver un week-end. Deux mois, c’est vraiment trop long. J’étais tellement heureuse de le revoir. La veille de mon départ, j’apprends par Nicolas, que sa nouvelle copine, ne supportant pas l’idée de le partager avec moi, avait rompu avec lui. Finalement, elle a changé d’avis le lendemain.
Je retrouvais Nicolas dans la maison de ses parents chez qui il avait élu domicile le temps de retrouver un travail sur Strasbourg. Il s’en suivit un week-end très étrange. J’étais mêlée d’une joie immense de le retrouver, mais extrêmement angoissée. J’avais l’impression que nous n’étions jamais seuls, que l’ombre de sa nouvelle copine était toujours là. J’étais souvent prise de sanglots lui tentait de me rassurer tant bien que mal. Il ne cessait de me dire que la relation qu’il entretenait avec moi était complètement différente de sa nouvelle relation, qu’il y apportait davantage d’importance.
De retour en Picardie, je reprenais ma vie de travail et de cohabitation avec Christophe et Julia. on peut dire que cela se passait plutôt bien, mais j’avais tendance à beaucoup m’isoler. Ma déprime avait beaucoup d’impact sur le quotidien. Je me sentais inconsolable bien que, par moments, je me sentais heureuse. je me disais que ça pouvait marcher comme cela. Avec le recul, j’ai l’impression que j’essayais surtout de me convaincre. L’absence de Nicolas me faisait perdre l’appétit. J’avais du mal à me concentrer sur mon travail.
Avec Christophe, nous n’arrivions pas à remettre notre couple en selle. J’étais pour ma part, complètement obnubilée par ma relation avec Nicolas et ma souffrance de sa relation strasbourgeoise. A la maison, nous faisions presque tout, à trois et au final, j’avais le sentiment que Christophe, comme Julia, essayaient de tout faire pour me consoler. Cela a beaucoup accentué l’impression d’être la troisième roue du carrosse. Je me sentais comme une amie qui ne va pas bien et dont son couple d’amis prend soin. Je n’ai vraiment rien à leur reprocher. Heureusement qu’ils ont été là.
Et bien, c’est sympa d’avoir des nouvelles 🙂
C’est sûr, les relations polyamoureuses ne sont pas faciles, et à distance encore moins. On se persuade que l’autre « préfère » quelqu’un d’autre, alors que ce n’est pas forcément vrai. D’autres choix de vie (non liés à un couple ou une relation) peuvent faire que l’on s’éloigne, ce qui ne veut pas dire que dans d’autres conditions (indépendantes de l’existence d’une autre relation), on ne resterait pas l’un près de l’autre.
Pour ma part j’ai transposé ce qui se passe dans mes relations amicales à ma vie amoureuse, et trouvé que la quantité ne faisait pas nécessairement la qualité :
J’ai des amis « de qualité » que je vois assez peu, pris que nous sommes par nos vies respectives, parfois éloignés géographiquement ;
Au contraire, j’ai des amis qui seraient plus des « connaissances » (on s’entend bien, mais ça ne va pas beaucoup plus loin) et que je vois plus souvent, par proximité géographique par exemple, activités communes etc.
La différence dans ces deux types de relations, c’est que mes amis « de qualité » sont des relations qui durent au fil des ans, alors que les « simples connaissances » vont et viennent, et parfois disparaissent de ma vie comme elles sont arrivées.
Et pour simplifier les choses (humour), c’est plutôt a posteriori qu’on fait la différence entre les vrais amis et ceux qui n’ont fait que passer, même si on les voit tous les jours…
Finalement, si je ne vois pas un amoureux tous les jours, ça ne veut pas dire que je ne compte pas pour lui, et/ou qu’il ne compte pas pour moi. C’est comme avec les amis, parfois on tient beaucoup l’un à l’autre et on se voit peu, en raison de nos choix de vie.
Le temps donne du recul pour apprécier tout ça. 🙂
Je suis heureuse d’avoir de vos nouvelles et ici des tiennes.
J’ai hâte de lire la suite j’ai cru comprendre que tu avais écrit pas mal d’autres articles.
De ce que tu dis malgré la distance, les différents et différences qu’il y a pu y avoir vous avez l’air tous de tenir beaucoup les un aux autres. Christophe et Charlotte ont l’air de t’avoir entouré du mieux qu’ils ont pu. Alda a été patient et a beaucoup communiquer pour te rassurer. Tu as des gens qui visiblement t’aiment et t’entourent du mieux qu’ils peuvent.
🙂
J’essaie personnellement de différencier la passion de l’amour, l’élan que j’ai envers quelqu’un de la complicité partagée.
Dans ton cas, on pourrait voir deux passions partagées… mais deux complicités impossibles au quotidien. Nicolas et toi seriez faits pour être amants, mais pas compagnons.
En tant qu’amants, l’éloignement et l’absence exacerbent le désir.
Mais n’est-ce pas se tromper soi-même sur tes réels besoins, qui me semblent être dans la fusion ?
Fusion que tu as expérimentée et appréciée avec Christophe ? Fusion croisée du polyamour dont tu regrettes l’échec ? Fusion sexuelle plus simple, chez Nicolas, que les besoins apparents de Christophe, peut-être trop complexes pour toi (même s’il ne te demande rien, à toi, dans ce sens) ?
Il me semble que Nicolas a bien réagi en acceptant les circonstances, en distendant le lien, en se recentrant sur sa vie à lui, sa sexualité à lui (dont il s’est retrouvé privé, ce qui n’est pas ton cas, j’imagine). Mais il a été surpris par ta passion qui l’a attendri, au point de la re-partager avec toi (d’autant que sa nana semble compliquée).
Je me demande si c’est une bonne chose. Y-a-t-il une issue possible à tout ça ? Une fusion totale avec Christophe n’est plus de mise. Une fusion quadriamour non plus. Vivre avec Nicolas non plus. Reste à trouver une nouvelle dynamique, différente des quelques états stables qui semblaient possibles et disponibles.
N’as-tu pas le rêve d’un amour nouveau ? Du plaisir de la découverte amoureuse ? D’une personne proche (géographiquement et émotionnellement) tellement riche qu’elle comprendrait et apprécierait le polyamour ? De pouvoir à nouveau retrouver la confiance. En toi ? En l’autre ?
Evidemment, je ne vois que vos écrits, je ne les traduis qu’à l’aune de ma personnalité, je ne sais rien de vous. Je me demande, juste, et j’en parle. Je me trompe peut-être complètement.
Ce qui ne m’empêche pas de te souhaiter courage et confiance.
(PS Théo : « les différenDs et différences » = « les mésententes et différences »)