Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été jalouse. En amitié, lors de mon adolescence, je vivais très mal d’être délaissée par ma meilleure amie lorsqu’elle avait des petits amis ou voyait tout simplement d’autres personnes. Un peu plus tard, je m’avérais toujours très possessive avec mes amitiés. Je n’ai connu un grand amour réciproque qu’assez tardivement. Mais j’ai toujours été relativement jalouse et possessive avec les personnes auxquelles je tenais. Certainement parce que j’ai toujours eu le besoin qu’on m’aime et qu’on me valorise : chose que je ne peux pas faire moi même. C’est donc quelque chose qui se fait dans le regard des autres. Alors lorsque la personne que j’aime, montre de l’intérêt pour quelqu’un d’autre et bien je m’effondre, car je ne suis plus au centre de sa vie. J’ai donc toujours vécu avec ça, avec ces sentiments et j’ai du faire avec, apprendre à les supporter car force est de constater qu’ils ne disparaissent pas. Et cela avait toujours plutôt bien fonctionner. Au fil des années, j’avais réussi à prendre sur moi et cette possessivité s’était estompée.
Je pensais également avoir mis définitivement cette jalousie de côté, au fur et à mesure de ma relation avec Christophe. Quelques expériences sexuelles à plus de deux et le fait qu’il soit toujours là, m’ont apprises à me dire que finalement je valais peut-être quelque chose et que la jalousie n’était pas de mise. En dehors d’un problème de confiance en moi, je m’étais faite à l’idée qu’il puisse trouver d’autres personnes intéressantes et que c’était bien normal. Mais l’été 2010, ma jalousie jusque là quelque peu enterrée, est revenue petit à petit, au fur et à mesure que Christophe se rapprochait de Julia. Car cette fille n’était pas une simple personne qu’il trouvait intéressante. J’étais alors dans un état lamentable, puis cela s’est apaisé dés lorsque nous nous sommes tous rencontrés, en revenant par piques, jusqu’à n’être plus qu’aujourd’hui une petit pointe de temps en temps.
Lorsque j’ai rencontré Nicolas, il n’y avait pas de sentiments entre lui et moi. Il m’avait expliqué être plutôt du genre séducteur. Cette information s’est révélée, plus tard, être une véritable source d’inquiétude pour moi. La moindre fille qu’il trouvait jolie, avec qui il s’entendait bien, étaient autant de souffrances qui venaient me rappeler que ma jalousie était belle et bien revenue. Moi qui croyait m’en être débarrassée… Je m’apercevais être de nouveau possessive, ne supportant pas qu’il me délaisse.
Pire chose encore, j’étais jalouse des moments que Nicolas passait avec Julia. Leurs moments intimes et aussi leurs moments ensemble tout court, sont devenues petit à petit des choses que je vivais très mal malgré le fait qu’ils aient toujours été ensemble. Comme Julia l’a si bien expliqué dans son dernier article, il y a également l’impression que l’on sera toujours la deuxième. L’autre chose est cette sensation que Julia et Nicolas ont tellement de choses en commun que moi je n’ai pas avec lui. Le temps qu’il décide de passer avec elle, c’est un temps qu’il a choisi de ne pas passer avec moi. Si il couche avec elle, c’est que c’est elle qu’il désire là et pas moi. C’est le genre de réflexions qui me passent par la tête et qui me rendent profondément triste. Au jour d’aujourd’hui, je me suis faite à cette idée et je vis beaucoup mieux leur relation même si j’appréhende encore et toujours leurs moments intimes lorsqu’ils auront emménagés.
La jalousie est un sentiment très étrange… Quand elle me saisit, je sens de la chaleur qui m’envahit, mon corps qui se crispe. J’ai la gorge nouée et du mal à faire comme si de rien n’était. Pour exemple, une fois, alors que j’avais Julia au téléphone, elle me parle du fait que Nicolas a envie de rencontrer une fille, amie d’amis. Cette fille est sur Facebook notamment d’où il la suit. Elle poste régulièrement des photos d’elle dénudée. Et voilà Nicolas la trouve extrêmement jolie et souhaitait faire sa connaissance car c’est une amie d’amis ! Sur le coup, je pouvais difficilement dire quelque chose. Je me suis retrouvée comme tétanisée. A chaque fois que je fais une crise de jalousie, je ressens la même chose que si l’on m’avouait m’avoir trompée. Ca me fait une sorte d’électrochoc tétanisant. Ensuite je passe par de nombreuses phases : la colère, la tristesse, etc. « Pourquoi elle ? pourquoi vouloir la rencontrer ? Il m’a moi, il a Julia alors pourquoi ce besoin de voir d’autres filles en fait ? ». J’ai tendance à me renfermer sur moi même, en me disant que je vais le gérer, je vais le gérer, et bien des fois, je le gère pas. Donc cela finit à un moment donné par exploser. Charlotte la cocotte minute…
Comme toujours après une crise de jalousie, lorsque je redeviens calme et lucide, j’ai presque toujours honte d’avoir été jalouse. Je culpabilise de ne pas pouvoir gérer plus sereinement les rapports de ceux que j’aime avec les autres. J’en ai presque l’impression d’être schizophrène tellement je me sens différente. Il me vient à penser que j’aimerais être tellement complète et suffisamment intéressante à tous les niveaux pour qu’ils n’aient pas besoin de voir d’autres personnes.
J’ai aussi beaucoup cherché à comprendre pourquoi je suis si jalouse avec Nicolas. Je crois qu’au fond, je ne me sens pas en sécurité avec lui. J’ai tendance à penser que tant que j’aurais cette impression, cette jalousie n’arrivera pas à s’en aller. Il est loin aussi et pas très démonstratif. Il a du mal à gérer une relation à distance, ce qui fait que j’ai l’impression de ne pas exister à ses yeux. Les choses vont certainement changer lorsqu’ils seront ici, je l’espère sincèrement.
J’essaye de lutter avec moi même avec mon envie d’enfermer ceux que j’aime dans un espace délimité, de ne voir que des gens « pas dangereux ». Je combats jour après jour ce besoin de les posséder. Pour le moment, je m’en sors plutôt bien. Je n’ai jamais interdit à quiquonque de voir qui que ce soit, quoique l’envie était bien présente parfois, mais je refuse de faire cela. Ensuite, je bouillonne intérieurement dans mon coin et la jalousie me grignote. Malheureusement à part essayer de faire avec et continuer d’essayer d’accepter que mes amoureux puissent trouver d’autres personnes intéressantes, il n’y a pas beaucoup de solutions. Et croyez moi, j’essaye. Qu’il est difficile de se battre contre soi même…
Je trouve ton article plutôt intéressant, peut-être parce que je ressens un peu la même chose. Mais j’ai le sentiment qu’avec le temps et les efforts, ça va mieux. D’ailleurs, avant d’être poly, j’étais un jaloux maladif, possessif, avec une peur de l’abandon à en crever.
C’est vrai que quand on a dû mal à s’estimer, à se trouver soi-même intéressant / important / utile, ou ne serait-ce que « bien », le moindre détail est exacerbé par nos craintes et nos peurs, qu’elles soient ou non fondées. C’est pour cela aussi qu’il faut faire attention aux périodes de « creux », où on se sent pas forcément bien, pour X ou Y raison, souvent sans rapport avec la relation, car un détail pourrait mener à une engueulade inutile, alors que le jour d’après on ira mieux.
Je pense (en tout cas je trouve) qu’avec le temps on apprends pas mal à faire la part des choses, à parler de ses peurs, ça n’aide pas forcément à les calmer, ni les autres à les rassurer, mais on arrive à temporiser, à prendre sur soi, et quelques heures/jours plus tard, on n’y pense plus trop. Parfois ça revient, et c’est le même mécanisme, il faut « faire avec ». C’est pas simple mais comme je pense que ma liberté est importante, j’aime aussi essayer d’en faire profiter le plus possible les autres et de ne pas trop empiéter sur leur liberté. Car je les aime ainsi, mes amoureuses : libres.
Merci Bohwaz pour ton commentaire. J’ai encore bien du mal pour le moment à gérer certains morceaux de ma jalousie, mais de toute façon, je suis bien obligée de faire avec. Et j’espère sincèrement y parvenir pour éviter de foutre mes relations en l’air.
Quelque chose m’a un peu tilté dans ton message. En fait, je pense que je m’octroie peu de liberté et j’ai donc du mal à en octroyer aux autres.
Ensuite il faut aussi que j’essaye un maximum d’identifier ce qui fait que je suis autant jalouse parfois et à d’autres moments pas du tout. En y réfléchissant, je crois un peu savoir pourquoi je ressens toutes ses choses. Nous avons choisi d’être fidèles tous les quatre, mais il s’avère que Nicolas se verrait parfaitement dans une configuration d’amour totalement libre. Je pense vraiment que ma crainte se situe là et donc je suis davantage jalouse avec Nicolas qu’avec Christophe.
Le temps nous dira si « je peux faire avec » 😉