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Madame la Jalousie et moi

Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été jalouse. En amitié, lors de mon adolescence, je vivais très mal d’être délaissée par ma meilleure amie lorsqu’elle avait des petits amis ou voyait tout simplement d’autres personnes. Un peu plus tard, je m’avérais toujours très possessive avec mes amitiés. Je n’ai connu un grand amour réciproque qu’assez tardivement. Mais j’ai toujours été relativement jalouse et possessive avec les personnes auxquelles je tenais. Certainement parce que j’ai toujours eu le besoin qu’on m’aime et qu’on me valorise : chose que je ne peux pas faire moi même. C’est donc quelque chose qui se fait dans le regard des autres. Alors lorsque la personne que j’aime, montre de l’intérêt pour quelqu’un d’autre et bien je m’effondre, car je ne suis plus au centre de sa vie. J’ai donc toujours vécu avec ça, avec ces sentiments et j’ai du faire avec, apprendre à les supporter car force est de constater qu’ils ne disparaissent pas. Et cela avait toujours plutôt bien fonctionner. Au fil des années, j’avais réussi à prendre sur moi et cette possessivité s’était estompée.

Je pensais également avoir mis définitivement cette jalousie de côté, au fur et à mesure de ma relation avec Christophe. Quelques expériences sexuelles à plus de deux et le fait qu’il soit toujours là, m’ont apprises à me dire que finalement je valais peut-être quelque chose et que la jalousie n’était pas de mise. En dehors d’un problème de confiance en moi, je m’étais faite à l’idée qu’il puisse trouver d’autres personnes intéressantes et que c’était bien normal. Mais l’été 2010, ma jalousie jusque là quelque peu enterrée, est revenue petit à petit, au fur et à mesure que Christophe se rapprochait de Julia. Car cette fille n’était pas une simple personne qu’il trouvait intéressante. J’étais alors dans un état lamentable, puis cela s’est apaisé dés lorsque nous nous sommes tous rencontrés, en revenant par piques, jusqu’à n’être plus qu’aujourd’hui une petit pointe de temps en temps.

Lorsque j’ai rencontré Nicolas, il n’y avait pas de sentiments entre lui et moi. Il m’avait expliqué être plutôt du genre séducteur. Cette information s’est révélée, plus tard, être une véritable source d’inquiétude pour moi. La moindre fille qu’il trouvait jolie, avec qui il s’entendait bien, étaient autant de souffrances qui venaient me rappeler que ma jalousie était belle et bien revenue. Moi qui croyait m’en être débarrassée… Je m’apercevais être de nouveau possessive, ne supportant pas qu’il me délaisse.

Pire chose encore, j’étais jalouse des moments que Nicolas passait avec Julia. Leurs moments intimes et aussi leurs moments ensemble tout court, sont devenues petit à petit des choses que je vivais très mal malgré le fait qu’ils aient toujours été ensemble. Comme Julia l’a si bien expliqué dans son dernier article, il y a également l’impression que l’on sera toujours la deuxième. L’autre chose est cette sensation que Julia et Nicolas ont tellement de choses en commun que moi je n’ai pas avec lui. Le temps qu’il décide de passer avec elle, c’est un temps qu’il a choisi de ne pas passer avec moi. Si il couche avec elle, c’est que c’est elle qu’il désire là et pas moi. C’est le genre de réflexions qui me passent par la tête et qui me rendent profondément triste. Au jour d’aujourd’hui, je me suis faite à cette idée et je vis beaucoup mieux leur relation même si j’appréhende encore et toujours leurs moments intimes lorsqu’ils auront emménagés.

La jalousie est un sentiment très étrange… Quand elle me saisit, je sens de la chaleur qui m’envahit, mon corps qui se crispe. J’ai la gorge nouée et du mal à faire comme si de rien n’était. Pour exemple, une fois, alors que j’avais Julia au téléphone, elle me parle du fait que Nicolas a envie de rencontrer une fille, amie d’amis. Cette fille est sur Facebook notamment d’où il la suit. Elle poste régulièrement des photos d’elle dénudée. Et voilà Nicolas la trouve extrêmement jolie et souhaitait faire sa connaissance car c’est une amie d’amis ! Sur le coup, je pouvais difficilement dire quelque chose. Je me suis retrouvée comme tétanisée. A chaque fois que je fais une crise de jalousie, je ressens la même chose que si l’on m’avouait m’avoir trompée. Ca me fait une sorte d’électrochoc tétanisant. Ensuite je passe par de nombreuses phases : la colère, la tristesse, etc. « Pourquoi elle ? pourquoi vouloir la rencontrer ? Il m’a moi, il a Julia alors pourquoi ce besoin de voir d’autres filles en fait ? ». J’ai tendance à me renfermer sur moi même, en me disant que je vais le gérer, je vais le gérer, et bien des fois, je le gère pas. Donc cela finit à un moment donné par exploser. Charlotte la cocotte minute…

Comme toujours après une crise de jalousie, lorsque je redeviens calme et lucide, j’ai presque toujours honte d’avoir été jalouse. Je culpabilise de ne pas pouvoir gérer plus sereinement les rapports de ceux que j’aime avec les autres. J’en ai presque l’impression d’être schizophrène tellement je me sens différente. Il me vient à penser que j’aimerais être tellement complète et suffisamment intéressante à tous les niveaux pour qu’ils n’aient pas besoin de voir d’autres personnes.

J’ai aussi beaucoup cherché à comprendre pourquoi je suis si jalouse avec Nicolas. Je crois qu’au fond, je ne me sens pas en sécurité avec lui. J’ai tendance à penser que tant que j’aurais cette impression, cette jalousie n’arrivera pas à s’en aller. Il est loin aussi et pas très démonstratif. Il a du mal à gérer une relation à distance, ce qui fait que j’ai l’impression de ne pas exister à ses yeux. Les choses vont certainement changer lorsqu’ils seront ici, je l’espère sincèrement.

J’essaye de lutter avec moi même avec mon envie d’enfermer ceux que j’aime dans un espace délimité, de ne voir que des gens « pas dangereux ». Je combats jour après jour ce besoin de les posséder. Pour le moment, je m’en sors plutôt bien. Je n’ai jamais interdit à quiquonque de voir qui que ce soit, quoique l’envie était bien présente parfois, mais je refuse de faire cela. Ensuite, je bouillonne intérieurement dans mon coin et la jalousie me grignote. Malheureusement à part essayer de faire avec et continuer d’essayer d’accepter que mes amoureux puissent trouver d’autres personnes intéressantes, il n’y a pas beaucoup de solutions. Et croyez moi, j’essaye. Qu’il est difficile de se battre contre soi même…

Crédits: In solitude par Redwood 1

Allers et retours

Rentrés déprimés du week end du jour de l’an passé chez Julia et Nicolas à Strasbourg, nous savions que nous ne les reverrions pas avant un bon moment. Cette idée nous rendait comme à chaque fois, extrêmement tristes. Avec Nicolas, on peut dire que nous étions passés à la phase où le sexe était un peu moins fréquent et où nous essayions de faire des activités tous les deux. La prochaine fois où nous devions nous voir serait pour leurs vacances de février. Ils avaient fixé une semaine qu’ils passeraient à la maison, mais c’était deux mois plus tard… Ma surprise fut totale quand un vendredi soir à la fin du mois de Janvier, alors que nous regardions une série dans notre lit, Christophe se leva pour aller éteindre la chaudière et… dans la pénombre, je vis rentrer quelqu’un qui ressemblait à Nicolas. En fait c’était bel et bien lui. Mais comment ? Par quel moyen ? Je mis un temps infini à me remettre de cette surprise, toute la soirée en fait. Je me suis donc endormie tellement heureuse de cette surprise. Le matin au réveil, j’étais bien heureuse de constater que ce n’était pas un rêve, mais que mon amoureux était là à côté de moi. Je ne me souviens plus vraiment du reste du week-end qui est passé à la vitesse de la lumière.

Ils repartirent jusqu’au 18 février et revinrent pour un petit peu plus d’une semaine. Entre les deux, il s’agissait comme toujours d’une phase de « creux ». Contente de retrouver Christophe rien qu’à moi, j’étais toujours très frustrée du peu de temps où je voyais Nicolas. L’impression de ne pas pouvoir apprendre réellement à se connaître. Avec Christophe, nous nous appercevions que nous parlions très fréquemment de Julia et Nicolas. Ils nous manquaient et c’était difficile de ne pas y penser. Nous nous étions dit, tous les quatre, que ce séjour prolongé nous ferait office d’une sorte d’expérience pour une éventuelle vie à plusieurs. Car l’idée qu’ils emménagent dans notre maison en Picardie était en bon chemin dans nos esprits.

Le premier soir de ces vacances, ils arrivèrent accompagnés du frère de Nicolas qui devait se rendre sur Paris ce week end là. Nous devions le déposer à la gare le lendemain matin. C’était la première fois que nos retrouvailles allaient se faire sous le regard d’une autre personne. Son frère était au courant de notre relation, bien entendu. Il ne parut nullement gêné de nous voir nous embrasser à leur arrivée, ni de constater que Julia dormait avec Christophe et Nicolas avec moi. Tout se passa comme prévu et son frère partit le lendemain. Les vacances pouvaient commencer ! Nicolas avait décidé d’apporter son ordinateur afin de nous puissions profiter de cette semaine pour jouer en ligne à un jeu auquel il m’avait initier en fin d’année : Wow. Depuis j’y joue régulièrement, j’avoue ! Nous allions donc pouvoir y jouer l’un à côté de l’autre.

La semaine se déroulait parfaitement, mais des premières choses sont apparues dans cette vie quotidienne à quatre. Car, et bien oui, quand on vit à plusieurs, il y a des taches ménagères et il faut faire à manger et la vaisselle pour tous. Il n’y a pas que du plaisir et du divertissement, il y a aussi du travail et des taches domestiques. Les rôles avaient du mal à s’instaurer. Quelques tensions entre Julia et Nico à ce sujet éclatèrent. Nous étions déjà au courant des quelques désaccords qui pouvaient exister à ce sujet, mais là c’était la première fois que nous y étions confrontés Christophe et moi. Les choses passèrent bien entendu, mais cela soulevait des points importants pour notre vie à quatre envisagée.

Durant ce séjour, je pus remarquer aussi qu’avec Nicolas, notre début de relation passionnel était bel et bien passé. Là dessus, je me suis aperçue d’un décalage entre lui et moi. Pour moi, nous étions encore dans notre début de relation. J’étais très demandeuse de moments intimes avec lui, ce qui était beaucoup moins son cas. Je commençais à le ressentir et c’était assez difficile à gérer pour moi et j’imagine aussi pour lui d’une certaine façon. Le fait que ce soit désormais plus dans la précipitation, nos rapports s’espaçaient. Je découvrais avec mon nouvel amoureux une différence de libido précoce (pour moi) qui n’était pas très agréable.

Nous avions prévu une journée à Amiens, Nicolas et moi. Cela permettait à Christophe et Julia de profiter pleinement de la maison le temps d’une journée et d’une nuit et, de notre côté de passer une journée simplement tous les deux. Nous avions prévu de dormir dans un petit hôtel avec une baignoire pour prendre un bain ensemble. Je me faisais une véritable joie de partager une journée et une nuit entière rien qu’avec lui. Nous nous sommes beaucoup baladé, sommes allé au zoo de la ville et avons dîner dans un très bon restaurant indien. Finalement, Nicolas a beaucoup trop mangé et fatigué de sa journée à marcher, s’est endormi sur le lit alors que nous discutions. Pas de bain donc. ^^ Le lendemain, petit déjeuner, petit tour à la cathédrale et hop, nous voilà sur la route du retour.

Les derniers jours passèrent très vite et ils étaient de nouveau repartis. Encore une fois…

Crédits:  Route 66 par Verismovita

Finie la rigolade

Les choses évoluaient très rapidement. Ce deuxième week-end avait apporté quelque chose de nouveau dans cette expérience à quatre. Il y avait un nouvel élément. Il y avait des sentiments entre Nicolas et moi. Suite à cela, ma jalousie habituelle est réapparue petit à petit. Sauf qu’elle ne concernait toujours pas la relation que Christophe entretenait avec Julia, mais celle que Nicolas avait avec Julia. Et oui ! Une toute nouvelle jalousie était née. Les sentiments apparus avaient apporté avec eux quelque chose dont je me serais bien passé. A distance, il était bien évidemment très difficile de passer du temps ensemble, de partager des moments de complicité, d’amour alors qu’il les vivait avec Julia. Ses moindres gestes, mots d’affection envers Julia étaient autant de choses que j’avais du mal à accepter. Et pourtant, ils étaient ensemble avant ! Alors pourquoi ces pensées ? Pourquoi cette jalousie ?

Suite à ces deux premiers week-ends à quatre, nous avions officialisé notre relation car nous nous sentions bel et bien un couple à 4 et plus simplement deux couples qui se rencontrent de temps à autre pour passer de bons moments. Nous avons décidé de passer le jour de l’an ensemble. Christophe et moi allions faire le déplacement en Alsace cette fois. Arrivés quelques jours avant cet « événement », Nicolas avait encore deux jours à travailler alors que nous étions là. Les matins je le voyais donc partir au boulot. Je passais la matinée, pas très à l’aise avec Christophe et Julia. Ils se levaient relativement tard, faisaient des câlins du matin prolongés alors que je tournais en rond dans un salon qui n’était pas le mien. Heureusement nous avions prévu avec Nicolas que j’irais le retrouver pour manger avec lui les midis. J’étais vraiment contente de m’échapper un peu de l’appartement et de découvrir plus encore la vie de mon nouvel amoureux. Sa pause passait très rapidement et je devais donc repartir tout aussi vite. Les après-midi étaient généralement plus détendus, mais je n’arrivais pas à trouver ma place dans un trio. Je me mettais automatiquement à l’écart jugeant que c’était à Julia de profiter de Christophe à ces moments précis. J’attendais avec grande impatience l’arrivée de Nico le soir. Lorsqu’il était là, les choses étaient à nouveau équilibrées.

Une chose cependant m’énervait profondément. Dés que Christophe était occupé ailleurs, Julia revenait automatiquement vers Nicolas au point qu’une fois alors que j’étais dans ses bras, elle s’est collé à lui. Je me suis donc rapidement levée pour les laisser tous les deux. Je prenais directement du recul, ne pouvant supporter d’être mêlée à une intimité, à leur intimité. Je faisais finalement ce que je faisais toujours en la présence de Julia avec l’un de nos chéris, je m’effaçais. Mais c’est vraiment durant ce séjour que j’ai pu m’en rendre compte.

Avec Nicolas, nous avons également partagé notre première sortie à deux dans les rues de Strasbourg. Le soir du jour de l’an se passa très bien. Julia avait préparé un bon repas japonais. Durant ces quelques jours, nous avons eu un semblant de vie commune. Cela me laissa aussi avec quelques interrogations. J’avais l’impression qu’il me fallait compartimenter mes relations et que j’aimerais que les autres en fassent autant. Car ce que je voyais comme des intrusions dans « mon moment avec Nicolas » de la part de Julia était simplement qu’elle profitait de ses deux amoureux en même temps sans problème alors que ce n’était mon cas. J’avais besoin de mes moments à moi et rien qu’à moi. Christophe avait la même vision des choses. Nous avions tous les deux besoin de séparer des instants, de posséder l’autre rien qu’à nous pendant une certaine durée. Après réflexion et beaucoup de discussions à quatre, il s’est bien entendu avéré que ce n’était pas faisable. J’étais tiraillée entre ce besoin de posséder Nicolas et ce couple à quatre. Comment gérer le fait de ne pas être la seule ? Comment gommer ma jalousie ? Et pourquoi cette jalousie était plus prononcée concernant Nicolas que Christophe ?

Acte deux, scène 1

Tous très empressés de nous revoir, nous avons planifié un second week-end. Julia et Nicolas allaient refaire le trajet jusqu’à chez nous pour un séjour de seulement deux jours cette fois. Ce serait les 4 et 5 décembre. Entre temps, beaucoup de choses avaient été discutées et entre autres, le fait que nous ne voulions plus utiliser de préservatifs. Juste avant ces retrouvailles, nous avons donc tous fait le test anonyme de dépistage. Chose faite, nous allions pouvoir envisager des rapports moins contraignants.
Il arrivèrent donc dans la soirée du vendredi, cette fois en passant par les grandes routes pour aller plus vite. Les retrouvailles furent chaleureuses, mais un peu étranges. L’impression de ne s’être jamais quittés était très présente pour ma part, comme si ce moment n’était simplement que la continuation de la fois précédente. Le séjour est passé à une vitesse fulgurante. Bien que les parties de jambes en l’air étaient l’une des activités principales,  j’aimais vraiment la compagnie de Nicolas. Sexuellement, tout se passait très bien. Nous étions dans une phase de curiosité avec une envie d’essayer de nouvelles choses. C’était très passionné. Nous parlions, nous rigolions comme lors du précédent week-end, mais je crois que quelque chose avait changé. Je ne me remémores pas très bien toutes les choses qui se sont produites durant ces deux jours, mais il y a une chose dont je me rappelles très bien…

Alors que nous nous rhabillions après un énième câlin, Nicolas me serre dans ses bras et me dit « Tu sais,  je t’aime beaucoup » et, après une pause, je lui ai répondu « Moi, je crois bien que je t’aime tout court ». Tout naturellement, il m’a répondu « Il se pourrait bien que ce soit réciproque ». Et nous nous sommes embrassés. Je me suis rendue compte que pendant tout le week-end, j’avais eu envie de lui dire. J’ai réellement eu un déclic à ce moment là. Avant ce séjour, je n’avais jamais pensé être amoureuse de lui et encore plus aussi tôt dans cette histoire. C’est durant ce week-end là que j’ai réalisé.

La culpabilité était présente malgré tout dans mon esprit. Comment Christophe allait-il réagir ? Pourquoi, moi qui m’était formellement interdite de tomber amoureuse d’un autre, avait aujourd’hui des sentiments pour Nicolas ? Je ne sais pas. Au fond, je crois que toutes les discussions avec Christophe durant les quelques semaines qui se sont écoulées entre notre première rencontre et cette seconde, m’ont fait m’autoriser à tomber amoureuse. Christophe m’a en quelque sorte, autorisé à être amoureuse de Nicolas. J’ai donc laissé mon coeur parler. Christophe ne m’avait quant à lui, toujours pas éclairci sur ses sentiments pour Julia. C’est après une déchirante séparation avec nos deux complices,  que nous avons discuté Christophe et moi. Je lui ai parlé de mes sentiments pour Nicolas. Il n’a pas bronché. Rien. Il m’a rassuré sur ma culpabilité, car oui, je me sentais un peu coupable. Lui, était confus concernant ce qu’il ressentait pour Julia. J’étais donc amoureuse de quelqu’un d’autre, amoureuse de deux personnes en même temps… car et bien oui, malgré ces nouvelles personnes dans nos vies, j’aimais toujours autant Christophe…

Lorsque j’ai du me replonger dans mes souvenirs pour écrire cet article, j’ai réalisé à quel point, tout avait été extrêmement vite. Le dépistage, mes sentiments, tout ça est allé très très rapidement. Cela avait très largement dépassé le stade de la relation classique d’échangisme. Cela avait prit une drôle de tournure que jamais je n’aurais imaginé vivre. Je crois que nous nous laissions malgré tout, emportés par cette vague qui nous emmenait vers le plus total inconnu.

L’après

Le message reçu en pleine nuit eu pour conséquences fâcheuses le lendemain, un Christophe énervé et coléreux. Il me somme d’éteindre mon portable à l’avenir lorsque nous sommes dans la chambre et surtout pendant la nuit. Je n’apprécie pas trop ça, mais je m’y plie. Durant la semaine qui suivi le week-end, je dû rassurer Christophe à de très nombreuses reprises. Les échanges avec Nicolas sur Gtalk sont très fréquents et nous nous envoyons des messages sur nos portables. Julia est également très irritable sur ce sujet. Lors d’un échange un peu houleux, elle me parle de ses peurs mais également du fait qu’elle n’apprécie pas du tout que nous nous envoyons des « mots doux ».

La première semaine fut donc un peu mouvementée. Les discussions par le biais de Gtalk furent très très nombreuses et à la maison également. Un soir, alors que nous allions à notre cours de code (pour le permis de conduire), Christophe me demanda si Nicolas me manquait et, entre autres, si j’avais des sentiments pour lui. Je crois que c’est ça qu’il m’a demandé. Les souvenirs ne sont plus très nets dans ma mémoire. Je sentais que j’avais développé une complicité avec Nicolas, mais je n’étais pas amoureuse. De toute façon, je ne pouvais pas être amoureuse de quelqu’un d’autre. C’était une évidence pour moi.

Avec Nicolas, le contraste fut très important entre la fréquence de nos conversations avant et après le week-end. Désormais nous nous parlions tous les jours. A la maison, presque tous les soirs, nous discutions avec Christophe de tout cela. Les questions étaient nombreuses, notamment sur la suite de tout cela. Nous ressentions bien tous les quatre que nous avions envie de nous revoir rapidement. Et c’est donc avec empressement que nous organisâmes un nouveau week-end durant le mois de décembre…

Une partie pour commencer

Une fois le jeu sorti, nous sommes montés à l’étage pour jouer dans une pièce munie d’un tapis et d’un petit canapé. Nous nous sommes installés sur le sol avec les verres de cette soirée bien arrosée. La partie pouvait commencer. Au fil des cartes du jeu, les vêtements tombèrent. Comme la règle le voulait, les partenaires de même sexe se retrouvaient en face. Les gages effectués se faisaient donc très souvent avec les partenaires de sexe opposé. Les cartes piochées les unes après les autres favorisèrent les échanges entre Christophe et Julia  et également entre Nicolas et moi.

Ainsi nous nous sommes retrouvés tous les deux emmitouflés dans une couette (nous n’avions plus beaucoup de vêtements) et les mains devenaient baladeuses mais dissimulées par le drap. Je ne me souviens plus très bien comment tout a fini par réellement déraper en relation sexuelle, mais le fait est qu’il me semble que Julia et Nicolas ont commencé à me prodiguer des caresses à deux. Christophe caressant Julia. Puis finalement Nicolas et moi avons couché ensemble alors que Christophe et Julia faisaient de même. Nous avons interverti les rôles à un moment donné puis j’ai fini la soirée dans les bras de Nicolas. Je ne sais plus très bien pourquoi, mais Christophe et Julia sont descendus. Fatigués, avec Nicolas, nous nous sommes assoupis enroulés dans une couette sur le sol et avons finalement atterri dans le lit de de la chambre d’amis (initialement celle de Julia et Nicolas) pour un sommeil profond.

Le matin au réveil, je découvre Nicolas à côté de moi. Nous nous embrassons brièvement, mais je réalise que la règle de ne jamais se retrouver seuls a un peu sauté. Malgré ma très forte envie, je n’ose pas m’aventurer dans un câlin plus poussé par peur que la soirée n’ait fait exception à la règle. Après être descendue en trombes car on sonne à la porte (c’est le facteur), Christophe et Julia se lèvent un peu plus tard. Je m’isole avec Christophe avec qui on décide que finalement ce que nous avions instaurés comme ligne de conduite, n’était pas tenable. Une fois le petit déjeuner pris tous les quatre, Nicolas et moi remontons ranger le bazar de la veille, ce qui est un bon prétexte pour retourner au lit tous les deux.

Le week end sera finalement une suite de rapports sexuels très très fréquents et d’un grand décalage entre les deux duos. Christophe et Julia sont très fatigués. Nicolas et moi, plutôt en forme. Très rapidement, nous fonctionnons par couple de deux. Tout est simple à mes yeux. Bizarrement je n’éprouve aucune jalousie vis à vis de la relation de Christophe avec Julia. Je vis le week-end à fond, sans penser à la suite. Je ne me reconnais pas beaucoup durant ces quelques jours. Je suis joueuse, je ne me prends pas la tête. Avec Nicolas, c’est sexe et rigolade. C’est très intense. Le fait de plaire à quelqu’un d’autre que mon chéri Christophe y est certainement pour quelque chose. Je me sens confiante. Nous nous quittons sur cela. Il ne se sera finalement pas passé grand chose entre Julia et moi. Des échanges de baisers et des caresses, mais sans aller plus loin.

A ce moment là, il n’était aucunement question de sentiments. C’était pour moi du sexe très complice, mais uniquement cela. Il n’était pas du tout question de parler d’amour avec Nicolas. D’ailleurs, peut-être que je me voilais la face, mais il n’était pas question d’amour entre Christophe et Julia. Pour moi, il s’agissait surtout d’une très forte attirance doublée d’une amitié. Ce week-end est une expérience échangiste à mon sens réussie. Bien évidemment, je m’attache à Nicolas mais il est hors de question pour moi de tomber amoureuse.

Une fois Julia et Nicolas partis, Christophe et moi, faisons un bilan du week end. Une grande discussion pour vérifier que personne n’a mal vécu la chose. Christophe m’avoue avoir été extrêmement jaloux de ma relation avec Nicolas et de mon manque de jalousie à son égard. Il a eu peur. J’avais tellement bien vécu le week-end que je suis très surprise d’apprendre que cela n’a pas été autant le cas pour lui. Je le rassure. Mais rien n’y fait, il a peur de la relation que j’ai avec Nicolas. Nous nous couchons. Et là, mon portable sonne. C’est un message de Nicolas sur mon portable pour me souhaiter une bonne nuit…

Crédits: Bed par n.gottier

La rencontre

Plus le fameux soir où ils allaient arriver se rapprochait et plus mon humeur était changeante. Tantôt j’étais très excitée à l’idée de tenter l’aventure de l’échangisme, tantôt j’étais morte de trouille. Nicolas allait-il me plaire ? Devais-je réellement laisser Christophe seul avec Julia ? Pour cette dernière chose, que je redoutais très fortement, j’avais établi que si il y avait relation sexuelle entre nous quatre, cela se passerait exclusivement à quatre et non deux par deux. Je ne voulais pas que les deux « tourtereaux » se retrouvent loin de ma vigilance et surtout, je voulais garder l’idée que c’était une expérience complice que nous partagions Christophe et moi.

Le soir venu, il était très difficile de patienter avec Christophe et de s’occuper durant la longue attente avant leur arrivée. Le stress monte. Et là ! Des phares de voiture éclairent les fenêtres de notre maison. Ils sont là ! La sonnette retentit et je découvre derrière la porte la fameuse Julia en chair et en os, suivie de son chéri Nicolas. Je stresse alors énormément. Comme à mon habitude dans ce genre de situation où je n’ai qu’une seule peur : le blanc, j’enchaîne pirouettes sur blagues pour détendre l’ambiance. Julia est là, avec sa toute petite voix. Mes peurs s’effacent un peu quant à Nicolas. Il me plait bien. C’est un bon début… Reste à voir si le courant va passer. Sur le coup, après de brefs échanges, Julia m’a semblée très différente par rapport à nos échanges par internet. Elle était très timide, mal à l’aise.

Peu de temps après leur arrivée, nous leur proposons de passer le lendemain à Paris histoire de se faire un restaurant japonais et d’enchaîner sur quelques parties de jeux d’arcade à « La Tête dans les nuages ». Ils sont partants, tout le monde part se coucher. Ils s’installent dans la chambre d’amis à l’étage.

Le lendemain, nous sommes tous levés au garde à vous et c’est parti pour prendre le TER qui nous mène à Paris. La discussion durant le trajet est davantage détendue que la veille. Cela continuera en progressant au fil de la journée. Le courant passe super bien avec Nicolas, à ma grande surprise. Nous rions beaucoup. Mais c’est avec Julia que les premiers rapprochements vont se faire physiquement dans le train du retour. Nous nous prenons dans les bras, des caresses dans les cheveux sont échangées. A ce stade là, je me suis dis « Ca y est. C’est parti… »

Je pense que nous avons tous compris que l’on se plaisait bien sans vraiment se le dire. Lorsque Christophe proposa un jeu de société pour le soir et qu’il redescendit avec un jeu de cartes, je lui dis « Ah, tu n’as pas pris Nirvana ? » (Nirvana étant un jeu coquin que nous avions reçu en cadeau de la part de l’éditeur pour le tester que nous n’avions jamais pu jusqu’alors l’essayer à plus de deux…) C’était l’occasion. J’étais un peu pompette après quelques verres, je me sentais donc prête à franchir le pas…

Crédits: Sinister par Caza_No_7

Julia et moi

Avec Julia, nous discutions depuis l’été, depuis sa rencontre avec Christophe. Après des débuts un peu difficiles (je dois avouer que je n’avais pas forcément envie d’être amie avec la nana qui essayait de « piquer » mon mec bien qu’elle en ait un), nous avons finalement commencé à discuter très très régulièrement voir tous les jours et ce, surtout après notre déménagement.

Je pense que le déménagement passé, j’avais retrouvé mon amoureux, notre maison, nous quoi. Et donc Julia me semblait être moins une menace pour notre couple. Cependant, elle était toujours là. En tant qu’amie, enfin un peu plus. J’avais même commencé à discuter vaguement avec son chéri Nicolas. Mais cela restait très occasionnel et puis nous n’avions pas plus de choses que ça à nous dire. C’était plutôt une sorte de trio qui se dessinait. Christophe, Julia et moi.

Après un ou deux mois, nous avons commencé à parler, avec Julia, de se rencontrer. J’ai proposé un week-end à la maison. Une invitation au début lancée comme ça, puis finalement qui a été relancée par moi. Je voyais bien que Christophe voulait la revoir, et moi, bah mine de rien j’avais envie de voir qui elle était, de la connaître. Elle montrait une attirance pour moi, l’idée ne me déplaisait pas de partager autre chose que des mots sur internet. J’étais tiraillée entre ma peur de me faire prendre pour une bille et l’envie de la rencontrer. J’étais consciente du danger, sans l’être réellement. Mais je crois surtout que je voulais voir !

Un soir alors que je m’étais installée brièvement sur l’ordinateur de Christophe pour voir une recette de cuisine, mes yeux se fixent sur sa discussion de messagerie avec Julia. Et qu’est ce que je vois ? Des « je t’aime » échangés ! Sur le coup, j’étais stupéfaite, blessée, triste, en colère. Je suis repartie dans la cuisine, faisant comme si de rien n’était, après tout je n’avais pas à lire ses discussions. Je ruminais. Lorsqu’il est venu me rejoindre alors que je préparais le repas, il m’a demandé si ça allait et là j’ai éclaté en sanglots. Je lui ai dis d’arrêter de me prendre pour une conne. Qu’il s’était ouvertement foutu de moi. Il m’a bien expliqué que ces « je t’aime » n’étaient pas les mêmes que ceux qu’il échange avec moi. Au fond, je pense vraiment qu’il était sincère, mais juste qu’il ne savait pas lui même qu’il était amoureux. Cela étant, j’ai gardé l’idée que nous devions nous rencontrer avec Julia.

Une date fut fixée : ce serait le week end du 11 novembre. Ils allaient venir passer 4 jours, ici, chez nous. Durant les semaines entre l’invitation et le week-end, plein de choses nous sont venues en tête. Les discussions tournaient davantage autour de la possibilité  que Julia puisse tomber amoureuse de moi et de notre relation à toute les deux, plutôt que de son amitié amoureuse avec Christophe. Nous étions bien loin de l’été où elle était, pour moi, la fille à abattre. Avec Christophe, il nous vient une drôle d’idée. Pourquoi pas tester l’échangisme ? C’était une chose que nous n’avions jamais voulu essayer parce que pour moi il y avait une séparation du couple. Nous ne vivions plus la même chose simultanément, contrairement à un trio. Nous avons alors aborder le sujet discrètement avec Julia et Nicolas. Ce qui a fini par ne plus être discret du tout, car cette idée avait également traversée leurs esprits.

Des règles furent établies et surtout l’idée que l’on verrait bien sur le moment si on se plaisait tous. Enfin… Si entre Nicolas et moi, le courant allait passer, que l’on allait se plaire, et que bah… Est ce qu’avec Julia, ça allait aller pour moi ? Je savais pertinemment qu’ils se plaisaient Christophe et elle. C’était sur le moment, peut-être un peu suicidaire pour mon couple de les faire se revoir et d’envisager de le laisser coucher avec elle. Nous allions nous rencontrer et nous verrions bien ce qui allait se passer…

Plus qu’une amie…

Durant l’été 2010, j’étais partie de Strasbourg pour travailler en région parisienne durant plus de deux mois. Christophe était resté dans l’appartement rempli de cartons et attendait patiemment que le déménagement arrive. Les appels étaient très réguliers. Nous avions l’habitude de ces étés à distance bien que cela soit tout aussi difficile à chaque fois.

Un jour, alors que je prenais une pause sur la terrasse de l’immeuble où je travaillais, Christophe m’appelle. Nous discutons de choses et d’autres. Il m’explique qu’il s’entend bien avec une nana sur Twitter. Je l’incite à sortir, voir du monde. Je pense que cela ne peut lui faire que du bien. Je l’encourage à aller boire un verre avec cette fille. Ce qu’il fit quelques jours plus tard.

Il me fait son petit compte rendu de la rencontre : Julia est une fille géniale, hyper mature pour son âge, ronde comme moi mais qui elle s’assume parfaitement, etc, etc. Une pointe de jalousie survient, mais je laisse couler. Je serre les dents. Puis ils ont commencé à se voir régulièrement, un peu trop à mon goût… Julia par çi, Julia par là ! A un certain moment, j’ai eu besoin de réponses à des questions qui étaient apparues dans ma tête. J’ai fini par lui demander si elle l’attirait, si il avait envie d’être avec elle. Ce à quoi il a répondu que, oui elle l’attirait, oui il avait déjà eu envie de l’embrasser, mais qu’il ne me quitterait pas pour elle. Il a ajouté ne pas être amoureux, mais qu’elle était un peu plus qu’une amie. Il ne savait alors pas quel statut lui donner. Bon…

Moi, à 500 kilomètres de lui et de cette situation. Moi, qui me dit que l’on va déménager dans quelques semaines et que l’homme avec qui je vais vivre, m’installer dans une nouvelle vie, va être triste d’être séparé d’elle. Moi, des pensées plein la tête. Moi, qui l’imagine se rapprocher d’elle au fur et à mesure des rencontres. Et pour m’achever, Julia voulait être mon amie !

Cette période n’était pas la plus favorable à notre couple. Le déménagement, une sexualité laissée un peu à l’abandon, des angoisses financières, et j’en passe. Est ce que notre couple allait survivre à tout ça ? Je bouillonnais. Je la détestais. Je me disais que ça y est, la fin de notre couple s’installait petit à petit.

Crédits: Solitude par !*S4N7Y*!

 

L’amour fusionnel

Je ne m’étais jamais réellement posé la question du couple avant de rencontrer Christophe il y a cinq ans.

J’avais eu quelques expériences par çi, par là. Pour moi le couple, c’était un et un. On trouvait quelqu’un qui nous convenait bien, avec qui sexuellement cela se passait bien. L’amour était réciproque et voilà, c’était un couple.

Lorsqu’il est rentré dans ma vie, il avait un projet : Roomantic.fr. Un site pour parler de sexualité librement. J’ai tout de suite voulu faire partie de l’aventure. Cela nous a amené à parler très régulièrement de sexe, de couple, etc. Il avait beaucoup d’amies féminines, ce qui me rendait extrêmement jalouse. Malgré cela, j’avais l’envie d’essayer des relations sexuelles à plusieurs. Les relations avec des filles m’attiraient. Cette envie datait d’un bon petit moment. Je n’avais jamais osé franchir le pas. Avec Christophe, nous avons pu expérimenter tout cela. Malgré cela se soit plutôt bien passé et que cela avait été très enrichissant pour notre couple, il n’avait jamais été question de le partager amoureusement avec un(e) autre. Même sexuellement, je ne pouvais concevoir que des expériences avec d’autres personnes se fassent à l’extérieur du couple. Pour moi, c’était à deux, ou rien du tout.

Nous avons vécu à distance pendant un an avant de nous retrouver et de vivre ensemble. A partir de ce moment là, nous étions fusionnels, presque inséparables.

Il était à moi, j’étais à lui et je comptais bien faire en sorte que ça dure longtemps.

Toute ma vision que j’avais de notre couple allait s’effrondrer. Le déclencheur avait un prénom : Julia.

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