Polypockets

A Strasbourg, Nicolas vivait sa « nouvelle » relation. Une relation plutôt chaotique de ce qu’il me paraissait. J’avais régulièrement vent de leurs disputes et diverses prises de bec. Elle vivait très mal ma relation avec Nicolas (là dessus, je ne pouvais que comprendre). Il faut dire que, je l’ai appris plus tard, elle semblait penser que notre histoire se finirait avec la distance. Monogame, elle a donc du faire avec. Pas évident forcément. Tantôt, j’avais de la peine pour elle, mais au fond, je détestais sa présence, le fait qu’elle soit là. Ce côté « relation douce romance » qu’elle semblait vouloir et dont j’avais les échos ne me plaisaient pas. J’avais l’impression qu’elle voyait Nicolas comme son prince charmant (quelque chose qu’il n’aurait pas réaliser lors de leur première relation). Elle voulait reprendre là où ils avaient laissé les choses quatre ans plus tôt… J’avais la désagréable impression qu’elle voulait Nicolas pour elle toute seule, sur fond de relation idyllique de contes de fées : un vrai décalage avec la situation qui était en place donc.

Selon moi, Nicolas gérait aussi assez mal le cumul de ces deux relations. D’un côté, il ne cessait de me dire que j’étais sa relation la plus « importante » et de l’autre, je n’avais pas l’impression que c’était quelque chose de clair avec son autre copine. Il y a aussi des questions qui se posaient comme celle de la protection. Avec Nicolas, nous avions été nous faire dépister pour ne plus avoir à utiliser de préservatif pour nos rapports sexuels. Maintenant que j’étais loin, et sa nouvelle copine proche, nous avions évoqué cette question. Lui qui y voyait le côté pratique, trouvait ça, plus simple de ne pas en porter avec elle (après test bien sûr) et d’en utiliser donc avec moi. Cela, il en était hors de question pour moi. Cela allait au-delà de l’aspect pratique des choses. Sachant que nous ne voulions pas nous marier, avoir d’enfants, et que nous ne pouvions pas vivre ensemble, il y avait donc très peu de choses qui disait que notre relation était une relation principale. Il était inconcevable pour moi que l’on puisse, dans une relation ouverte de toutes parts, qu’il n’en utilise ni avec moi, ni avec elle. Je ne la connaissais pas. Je ne pouvais pas lui faire confiance pour quelque chose d’aussi important.

Finalement après une grande discussion, nous sommes tombés d’accord sur le fait que cela resterait tel quel, même si il couchait avec elle plus souvent qu’avec moi. Le fait que l’on ai évoqué que cela pouvait changer entre nous, m’avait fait mal.

Début mai, je revins voir Nicolas, pour une semaine cette fois. Cela se passa merveilleusement bien. C’est durant ce séjour, que nous avons réaliser véritablement que nous ne pouvions nous contenter d’une histoire secondaire et à distance. Je voulais que nous soyons une vraie relation principale avec des projets sur le long terme, peu importe si nous ne pourrions jamais vivre ensemble. C’était également ce qu’il désirait. Avec le recul, c’est étrange car cette conclusion est venue après une très violente dispute qui a bien failli se conclure par une rupture.

Je suis donc repartie encore une fois, en Picardie, avec dans la tête, cette promesse que nous nous étions faite : de s’investir davantage dans notre relation avec un éventuel rapprochement géographique.

L’idée a germé et fait son chemin petit à petit. J’étais écartelée entre l’envie de rejoindre Nicolas et l’envie de tenter de reconstruire à nouveau quelque chose avec Christophe.

Crédits:

Pub par Roberto Trm

Bam !

Cela me parait bien loin maintenant. Nous avons laissé le blog en plan après le départ de Nicolas. Non sans volonté de le continuer, mais la chose a été remise à plus tard encore et encore (et, pour ma part, parce qu’il n’était pas évident de raconter les choses sans un certain recul). Alors que s’est-il passé entre aujourd’hui et fin Mars ? Et bien, beaucoup beaucoup de choses… Je vais donc reprendre le récit là où nous l’avions laissé.

Lorsque Nicolas est parti, je pensais réellement vivre cela comme une sorte de soulagement tellement la situation était devenue pénible au quotidien. J’avais mis mes sentiments pour lui dans un coin de ma tête, complètement obscurcis par notre quotidien chaotique. Il s’avère que cela n’a pas été le cas. Après son départ, je me suis pris mon amour pour lui en pleine figure. Il me manquait tellement. Tel un ras de marée qui m’a complètement submergé, je pleurais tous les jours de son absence. Je ressentais un profond sentiment d’échec et de beau gâchis concernant notre relation. Une fois passés, les gros sanglots de son départ, ont laissé place à un grand manque. Il est évident que passer d’une relation où l’on voit la personne tous les jours à une relation à distance, ça fait un grand vide.

Je redoutais également beaucoup les éventuelles rencontres de son côté (car nous avions ouvert notre couple). Ce fut deux semaines après son retour en Alsace, que j’appris qu’il recommençait quelque chose avec une ex. Leur relation précédente datait de quatre années plus tôt et n’avait durer que deux semaines.

Je l’ai très mal vécu, vraiment très mal. Pourquoi aussi tôt ? Alors que moi, j’étais dans une véritable phase de deuil de notre relation passée… J’avais le sentiment d’avoir été remplacée illico, alors qu’il venait à peine de partir. Cela m’a beaucoup fait souffrir. En plus de son absence, je devais maintenant gérer le fait qu’il voyait quelqu’un d’autre plus proche géographiquement que moi. Pour moi, la chose était claire : il ne m’aimait plus. Il n’avait pas osé rompre avec moi en partant. Une nana qui passe par là et hop ! Plus de Charlotte ! Lorsqu’il me l’a annoncé, j’ai très mal réagi. Je lui en voulais terriblement. J’avais l’impression que notre relation n’avait pas compté pour lui pour qu’il tourne la page aussi vite. Qu’il me dise que cela ne changeait rien à son amour pour moi, ne me consolait nullement. Pour moi, les faits étaient là…

Suite à cette « annonce », s’en ai suivi une période difficile où il a du beaucoup me rassurer sur ses sentiments. Et à coups de discussions, les choses se sont tassées et j’ai réussi à me raisonner et me faire à l’idée que ça y est : la phase poly réelle était enclenchée et j’allais en baver. Bien que j’avais du mal avec cette nouvelle relation, je voulais continuer avec Nicolas. Je voulais voir si je pouvais finir par m’y faire et peut-être moi aussi prendre du plaisir dans le polyamour.

Nous avions prévu de nous revoir deux mois plus tard lorsqu’il est parti. Finalement, je lui ai proposé d’aller le retrouver un week-end. Deux mois, c’est vraiment trop long. J’étais tellement heureuse de le revoir. La veille de mon départ, j’apprends par Nicolas, que sa nouvelle copine, ne supportant pas l’idée de le partager avec moi, avait rompu avec lui. Finalement, elle a changé d’avis le lendemain.

Je retrouvais Nicolas dans la maison de ses parents chez qui il avait élu domicile le temps de retrouver un travail sur Strasbourg. Il s’en suivit un week-end très étrange. J’étais mêlée d’une joie immense de le retrouver, mais extrêmement angoissée. J’avais l’impression que nous n’étions jamais seuls, que l’ombre de sa nouvelle copine était toujours là. J’étais souvent prise de sanglots lui tentait de me rassurer tant bien que mal. Il ne cessait de me dire que la relation qu’il entretenait avec moi était complètement différente de sa nouvelle relation, qu’il y apportait davantage d’importance.

De retour en Picardie, je reprenais ma vie de travail et de cohabitation avec Christophe et Julia. on peut dire que cela se passait plutôt bien, mais j’avais tendance à beaucoup m’isoler. Ma déprime avait beaucoup d’impact sur le quotidien. Je me sentais inconsolable bien que, par moments, je me sentais heureuse. je me disais que ça pouvait marcher comme cela. Avec le recul, j’ai l’impression que j’essayais surtout de me convaincre. L’absence de Nicolas me faisait perdre l’appétit. J’avais du mal à me concentrer sur mon travail.

Avec Christophe, nous n’arrivions pas à remettre notre couple en selle. J’étais pour ma part, complètement obnubilée par ma relation avec Nicolas et ma souffrance de sa relation strasbourgeoise. A la maison, nous faisions presque tout, à trois et au final, j’avais le sentiment que Christophe, comme Julia, essayaient de tout faire pour me consoler. Cela a beaucoup accentué l’impression d’être la troisième roue du carrosse. Je me sentais comme une amie qui ne va pas bien et dont son couple d’amis prend soin. Je n’ai vraiment rien à leur reprocher. Heureusement qu’ils ont été là.