On n’est pas des surhommes, on n’est pas meilleurs que vous. La jalousie, problème épineux de la relation polyamoureuse est souvent la chose pointée du doigt lorsque la dite-relation est annoncée : « Ah mais comment tu fais pour partager ta femme/ton homme ? Moi je pourrais pas. » Pour vous rassurer, je ne peux pas vraiment non plus. Sauf que c’est plus compliqué que ça.
A la base, je n’ai été confronté qu’à la situation : Nicolas avec Charlotte. Ca ne s’est pas fait sans mal. Et même si maintenant, ça va plutôt mieux et que je n’éprouve que très très rarement des pointes de jalousie envers ce couple en particulier, et bien, elle est toujours un peu présente. Je suis comme je suis, et j’ai toujours ce besoin d’être rassurée et réconfortée. Effectivement, j’ai pu avoir un regard sur ce couple qui s’est formé. Il y a eu moult discussions et séances de câlin où il me rassurait sur les sentiments qu’il avait toujours pour moi. Ca s’est fait plus ou moins en douceur, en fait.
Là où le bat blesse, c’est que malgré que j’ai toujours eu plus ou moins à « partager » Christophe avec Charlotte… Et bien c’est quand même de ce côté-ci que j’ai le plus de mal. Plus j’y pense, plus ça me parait complêtement con étant donné que je n’ai pas connu Christophe sans Charlotte. Oui, mais, justement. Je jalouse leur 5 ans d’amour. Même si des années passent, ils auront toujours 4 ans d’avance. Je serais toujours « la nouvelle ». Celle qui le connait moins. Je jalouse le fait que vis à vis de la famille, je suis pour ainsi dire pas grand chose. La nouvelle arrivée, la nouvelle « lubie ». D’ailleurs je suis même pas présentée en tant que chérie à tout le monde. Alors que Charlotte, si. J’avais déjà cette espèce de sentiment de jalousie au tout début, avant de bien la connaître, avant même de savoir que j’étais amoureuse de Christophe, j’étais en colère contre cette femme qui le connaissait déjà et avait l’honneur d’être à ses côtés tout les jours.
Je jalouse le fait que quoi que je fasse, quoi qu’il arrive, elle aura toujours une longueur d’avance sur moi par rapport à lui. Elle aura sûrement déjà vécu tout ce qu’on vit actuellement, les phases, étapes importantes, etc… Elle a déjà vécu l’année d’amour à distance, et l’emménagement, et la vie avec lui au début,… Alors oui, elle peut m’être une précieuse aide si jamais je suis perdue, mais d’un autre côté, il y aura toujours cette pointe de jalousie qui me chuchotera à l’oreille « elle était là avant, elle a déjà vécu ça avec lui ». L’impression d’être constamment mise de côté car leur relation est plus vieille donc plus importante.
L’impression d’être l’amante/la maîtresse. D’être un bouche trou : on fait tout en fonction de Charlotte.On doit faire attention aux sentiments de Charlotte, à si elle est triste, si elle se vexe, si elle prend mal certaines choses, et je dois plier et faire attention à tout sans qu’on fasse pareil pour moi. Mais pourquoi je me plaindrais ? Je suis la seconde arrivée qui devrait déjà être contente d’avoir cette place là.
C’est sûrement malsain, mais je n’y peux rien. C’est comme une compétition que je ne pourrais jamais gagner. Et je me déteste pour cette jalousie, car j’aime Charlotte.
Voilà pourquoi, même si la logique et la rationalité voudraient le contraire, je suis jalouse. Maintenant, à moi de trouver comment contrer ça.
Voici plusieurs semaines que je vous lis sans commenter.
C’est ton article, Julia, qui me parle le plus.
Je pense que j’aurai pu l’écrire l’année dernière.
Ce sont particulièrement les derniers paragraphes qui reflètent le mieux mon sentiment par rapport à mon histoire personnelle.
Je me suis toujours interdit de l’exprimer pour ne blesser personne, alors, ma foi, merci de l’avoir fait à ma place.
Comment contrer ça ?
Je me suis déjà posé la question.
Ma solution, longtemps, ça a été de me taire. Ça n’a pas bien fonctionné.
Je crois qu’il est essentiel que les choses soient dites, qu’elles soient connues.
Les conséquences ne sont pas toujours celles qu’on souhaiterait (dans mon cas… hmm… je me tais encore ? Allez, non. Je suis contente que ça se soit passé ainsi), mais au moins, tout le monde est au courant et ça peut donner lieu à des arrangements, des solutions.
Merci pour ton commentaire, il m’a fait chaud au coeur. 🙂
Oui je pense que la communication y sera pour beaucoup dans ma démarche pour contrer ma jalousie. ^^
Oui, en fait, on est tous jaloux de quelque chose (objet, situation…) ou de quelqu’un : ces amoureux qui se bécotent sur les bancs publics lorsqu’on est seul, ces riches qui ont plus que nous, ces CDI qui n’ont pas à chercher un emploi, cette personne qui est aussi belle que j’aurais voulu l’être, celle qui le connait depuis longtemps…
C’est humain.
Entre frères et soeurs, même !
D’ailleurs, les polyamoureux pourraient s’y référer. C’est vrai ça, comment fait-on dans une famille nombreuse ?
Pourquoi l’aîné a plus de droits que moi ? Pourquoi la petite chouchou échappe aux corvées ? Pourquoi on m’oublie toujours, moi qui suis au milieu ? Et ce bébé qui me pique ma place de cadet !…
(au passage, vos expériences familiales respectives pourraient être éclairantes 😉
Votre réflexion m’amène finalement à penser que la jalousie est naturelle et incontournable, mais qu’elle se gère plus ou moins bien selon les personnalités.
Même Nicolas doit être jaloux, parfois, quoiqu’il en dise 😉 !
Mais je me demande si on ne mélange pas plusieurs formes de jalousies en un seul mot : la jalousie possessive externe (ce dont profite un autre), la jalousie possessive interne (j’ai, mais j’ai peur de perdre)…
D’ailleurs, moi, je suis jaloux de votre chance de vivre le polyamour 😀 !
« L’âge de mon père, c’était vingt-cinq ans de plus que moi et ça n’a jamais changé » (Pagnol, La gloire de mon père)
Je ne crois pas que la situation de frères et soeurs soit comparable. Ce n’est pas quelque chose qui te bouffe de la même manière. Ce n’est pas forcément un manque d’attention, un sentiment d’injustice, etc.
La jalousie dans une relation amoureuse est bien plus profonde que ça.
Par contre ton interrogation sur les différentes formes de jalousie est intéressante. Julia et Charlotte doivent gérer plusieurs types de jalousie alors que moi, une seule. Mais j’y reviendrai dans un prochain billet.
Oui… Tout compte fait, tu as raison pour la différence avec les fratries.
Les frères et soeurs ne s’aiment pas, en fait.
Ils s’apprécient, se supportent ou se détestent, peuvent s’admirer (mais plutôt à sens unique), ou même avoir un besoin profond l’un de l’autre (certains jumeaux), mais ils se jalousent rarement en tant qu’individus (peur de perdre).
Pour cela, il faut un lien très fort que seul un choix personnel a pu créer.
Et tous les exemples que j’ai donnés mettent les parents au centre du problème. Les enfants jalousent plus fréquemment leur propre relation face au parent… qui doit se partager ou les départager.
Mais j’attends avec impatience ton billet sur ce sujet très intéressant 🙂
Malsain? Non, c’est un peu comme la jalousie qu’on éprouve face l’ex de notre chéri, c’est ainsi. On jalouse toujours l’ex, peu importe qu’elle soit sympa ou non [d’ailleurs c’est toujours une folle furieuse, parfois sympathique, mais folle tout de même, sourire; ça nous console de penser ça]… Et arriver après leur histoire ce n’est pas simple.
Là certes, il n’y a pas d’ex, et cela n’empêche que ce sentiment soit, et tu le décris bien…Comme le dis Chulie, c’est bien de pouvoir en parler… D’autant plus que certains points soulevés peuvent trouver rapidement des solutions.
C’est chouette, que vous puissiez vous lire tour à tour 😉
Oui, mais c’est plutôt rare que l’ex est en fait pas une ex et qu’on doive conjuguer avec ! ^^.
Après j’imagine que c’est le même genre de sentiment que doivent ressentir les femmes/hommes qui sont amoureux d’une personne déjà en couple, voir mariés avec enfants…