Christophe et Charlotte ont décidé de passer par la méthode compliquée (mais anonyme et gratuite) pour faire leur dépistage : Prise de rendez-vous dans un centre, un entretien avant, une semaine pour recevoir les résultats, un entretien après pour l’annonce des résultats par un médecin.
Julia et moi (surtout moi) avons choisi la simplicité (remboursée par la sécu) : Ordonnance du généraliste, prise de sang dans un labo, résultats le lendemain dans la boite mail.
Mais pour éviter l’attente chez le généraliste, je décidais de passer par le médecin de famille. Il me fallait donc demander les ordonnances à ma mère. Et lui expliquer du même coup pourquoi nous voulions nous faire dépister à nouveau après un an et demi.
C’est que je la connais ma mère : Si il faut un deuxième dépistage, c’est qu’il y a situation à risque. L’un de nous avais forcément fauté. Il n’était donc pas question de la laisser dans ce flou artistique, à imaginer l’un de nous deux assez bête pour avoir une relation extra-conjugale sans protection…
Je lui ai appris un soir sur GTalk (ma maman est à la pointe de la messagerie instantanée). Comme d’habitude quand je lui ai dit que j’avais un truc à lui dire elle a mis le doigt dessus (ou presque) avant même que je fasse quoi que ce soit: « Vous faites de l’échangisme ». Des fois je me demande comment elle fait, peut-être balance-t-elle le truc qu’elle pense être le moins possible.
Evidemment elle n’a pas compris. Malgré sa grande ouverture d’esprit et sa tolérance, c’est une mère et elle voudrait que ses fils restent dans la norme établie. (Mon frère est mieux parti que moi sur cette route.) Mais elle a aussi fait le choix il y a longtemps de me laisser prendre mes propres décisions et de me soutenir en cas de pépin. Donc même si elle estime qu’il n’y a pas d’avenir entre nous quatre, elle a surtout peur que je termine à la rue, dévasté et sans emploi. Des craintes somme toute normales.
Je ne sais pas comment elle a annoncé la chose à mon père, ni quelle a été sa première réaction (nous ne sommes pas vraiment très proches). Je n’ai connu son avis que récemment et il m’a surpris : Il vaut mieux pour moi que je fasse mes expériences étant jeune, plutôt que d’avoir envie de tout plaquer à 40 ans parce que j’estimerai ne pas avoir vécu.
Mon petit frère l’a appris de manière assez amusante. Je devais profiter d’un de nos trajets pour le transporter à Soissons, d’où il prendrai un train pour rejoindre des potes sur Paris. Il devait passer une nuit avec nous et je n’avais aucune envie de cacher notre relation durant la soirée. J’ai donc annoncé mon intention à ma mère qui m’a conseillé de ne pas lui dire, ne sachant pas quelle réaction il pourrait avoir.
Il était au courant que j’avais une annonce à lui faire quand il reçu un sms de ma mère : « Ne lui dit pas, il est encore jeune (18 ans… ndla) il va perdre ses repères… », elle s’était trompée de destinataire et avait écrit à lui au lieu de m’écrire à moi.
Sa réaction ? Je pense que c’est lui qui a eu la meilleure de toutes les personnes au courant : « Bah tu fais ce que tu veux hein. »
Au final, c’était peut-être plus simple de passer par un centre de dépistage…
MDR ! J’aime bien la conclusion !
… et la réaction du père, très prosaïque et philosophe.
Tiens puisqu’on en parle, il y a ce léger détail qui au prime abord m’a interpelée… Votre moyenne d’âge, je suis bluffée de constater que si jeune vous optiez pour cette vision de l’amour, à l’inverse du père, moi c’est tout le contraire, dans mon schéma classique, autour de la vingtaine c’est l’amour fusionnel (1+1=1 hein!), à trente ans (ma zone de turbulence actuelle) on commence à admettre tout doucement qu’un écart est pardonnable, voire on est fort tenté par des liaisons « dangereuses » (on trouve délicieux de piquer dans les assiettes des autres…) puis à lire mes blogs amis, il apparaît qu’autour de la quarantaine on assume pas mal de chose…
Tu me diras que c’est le schéma que la société nous impose, cependant, dans le fond, je me demande (c’est peut-être pas votre cas…) lorsqu’on débute le libertinage tôt, ou des expériences peu communes ne prend t-on pas le risque d’être blasé assez vite?
Et sinon, pure curiosité… Pourquoi (si tôt) le coming out?
« ne prend t-on pas le risque d’être blasé assez vite ? » -> Pour ma part je pense que j’étais déjà « blasé » bien que le terme ne convienne pas vraiment.
Avant de rencontrer Julia j’avais passé un an à coucher à droite à gauche, trop rarement (à mon gout) plus d’une fois avec la même fille. Et avant ça j’avais eu deux relation de 1 an chacune dont une plutôt éprouvante. A la réflexion, mon envie d’aimer plusieurs personnes à la fois date peut-être de cette relation difficile, comme une auto-défense, j’aurais voulu pouvoir « décompresser »
Mais ce n’est plus du tout le cas, je ne suis pas avec Charlotte pour décompresser de Julia ^_^
« Pourquoi (si tôt) le coming out? » -> Parce qu’ils allaient de toute façon le savoir tôt ou tard, et que pour des questions pratiques autant qu’ils le sachent le plus tôt possible, on a pas à perdre de l’énergie à trouver des excuses (c’est mes parents qui me prêtent la voiture pour aller à Soissons)
@Vellini : Pour ma part, je suis très fusionnel avec la personne avec qui je suis. Le 1+1=1 était mon mode de pensée jusqu’à ce que tout cela arrive. En rencontrant Christophe, et en travaillant au projet Roomantic, nous en sommes venus à faire des expériences sexuelles notamment, mais je pense que cela nous a beaucoup aidé à être « ouverts » à l’idée d’un tel couple à 4.
Nous ne nous sommes jamais posé la question de la « norme » à vrai dire. Nous y avons simplement été confrontés au moment d’en parler à nos proches.
Quant à parler de sexualité avec nos parents : mon père ne sait rien de ma sexualité et ne pourrait de toute façon, pas accepter tout ce que j’ai pu faire ou pourrait faire. Il n’est pas assez ouvert pour ça. Ma mère est assez libre sur le sujet, car elle a été au courant très tôt du projet Roomantic.fr. Nous avons donc pu entamé un dialogue là dessus. Après je ne parlerais pas de plans culs ou autres avec mes parents, mais des gens avec qui je vais vivre, oui 😉
Un peu surprise Nicolas que tu soit aussi proche de ta mère.Il ne me viendrais nullement à l’idée de dire à ma génitrice que ça fille pratique le libertinage ni qu’elle à pleins d’amants.
ma vie sexuelle reste privée , c’est mon espace je n’aimerai pas que ma mère ce mèle de ça!!
comme je me mèle pas de ça vie sexuelle.
les parents n’ont pas à connaitre la vie intime de leur enfants.
Effectivement ma mère ne connais pas ma vie sexuelle en détails (mis à part ce qui en est dit sur ce blog). Et il ne me viendrai pas non plus à l’idée de lui raconter (sauf circonstances exceptionnelles).
Mais quand tu commences une nouvelle relation, il ne te viendrait pas non plus à l’idée de lui cacher ton nouveau copain si tu penses que ça devient sérieux non ? 🙂
Je ne dirais pas non plus mes plans culs ou libertins à ma mère, mais ici on parle d’une relation amoureuse qui s’est instaurée. Certes, pas commune, mais amoureuse. 🙂
@Mamzelle illis: Le fait de pouvoir oui ou non discuter de sa sexualité avec ses parents je pense tient du rapport que l’on a établit avec eux… Pour moi qui évolue dans un milieu médical, il nous est plus facile d’aborder ce genre de questions, plus parce qu’à force d’entendre des histoires de vies difficiles on flippe très fort que cela arrive à un de nos proches faute de n’avoir su établir le dialogue.
J’étais encore étudiante lorsque j’ai fait un stage dans CDAG, et je peux t’assurer à entendre le déroulement de certains plans culs où l’insouciance voire la mauvaise foi de certain est un danger, lorsqu’on sort de là on a qu’une envie de parler prévention avec qui veut… A mon petit bout qui n’est encore qu’au stade petit bisous, je lui annonce déjà le temps de nos futures discussions. Pas dans le but pervers de connaître sa sexualité, mais plus pour lui rappeler que le risque n’est pas illusoire.
@Nicolas: En fait ma petite question du coming out, était simplement pour savoir si inconsciemment (parce que vous n’étiez qu’à la 2ème semaine) tu n’étais pas « déjà » (le gros coup de cœur) amoureux… Et quand on est amoureux, on à bien envie de le crier sur tous les toits… 😉 Peut-être avais-tu envie de présenter Charlotte à tes parents. 🙂