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Jusqu’à ce que ça nous tombe sur le coin de la gueule

Alors que Charlotte était à Paris pour se faire un peu d’argent à mettre de côté pour la rentrée, j’étais resté à Strasbourg pour continuer de bosser et terminer de préparer le déménagement qui allait se dérouler le 31 juillet. Au bout d’un moment j’étais confiné à une pièce avec un bureau, l’ordinateur et un canapé pour dormir. Le reste n’était que cartons et meubles démontés. Un environnement déprimant lorsque tu sais que t’as un mois à tirer comme ça. C’est encore pire quand t’es tout seul et que soit tout le monde est loin, en vacances ou a d’autres occupations.

Il se trouve alors qu’un peu par hasard, je reprends contact avec Noli, une jeune fille habitant à Strasbourg et que je « follow » sur Twitter depuis 6 ou 9 mois. Jusqu’alors on avait rarement échangé, un peu par rapport à son boulot d’infographiste, pour des conseils, des avis… Tout ça pour dire qu’on ne se connaissait vraiment pas et que je ne lui avait pas adressé la parole depuis de très nombreux mois.

Elle avait besoin de conseils sur une maquette et j’avais rien d’autre à faire à ce moment là, donc je passe un long moment à lui dire ce qui ne va pas, ce qu’il faut changer, etc.  Au final on discute de choses et d’autres et je propose qu’on aille se boire un verre un soir après son boulot. Elle me laisse sur un « pourquoi pas ». Les jours suivants on discute plus longuement, pour qu’au troisième je lui propose à nouveau de prendre un verre. Il fallait absolument que je sorte de cet appartement et elle a accepté. Ouf !

Le rendez-vous est pris pour une terrasse en plein centre vers 18h pour une durée d’une heure ou deux. Je l’avais vu vaguement sur une photo d’avatar et j’avais donc pas vraiment d’idée de sur qui j’allais tomber. J’arrive sur place en scooter, je la remarque tout de suite. La première chose que je me suis dit c’est « elle est trop chou ». Je me suis donc retrouvé face à une jeune fille se prénommant Julia, très timide et gênée, cheveux colorés roux, petites lunettes…

Le verre qui devait durer une heure ou deux en a duré quatre. La nuit commençait à se répandre sur notre environnement. Je l’ai donc raccompagnée en scooter chez elle. Arrivés sur place, deux bises cordiales gênées et je rentre. J’ai déjà senti que cette rencontre n’était pas de celles sans importances. Il y avait quelque chose en plus, quelque chose d’indescriptible (du moins pour le moment), quelque chose à la con qui allait être compliqué à gérer. Julia m’attirait mais c’était bien plus qu’une forte amitié. Je n’étais pourtant pas moins amoureux de Charlotte. Alors qu’est-ce que c’était ?

Les témoignages de personnes amoureuses de plusieurs autres que j’avais pu lire sur Internet prirent tout de suite un autre sens. Jusqu’à ce que ça nous tombe sur le coin de la gueule, on est convaincu que cela n’est pas possible. Il faut forcément être dans le déni, ne pas oser quitter son partenaire précédent, avoir peur de le quitter, l’aimer par habitude, etc. Je me trompais. Tous ces aprioris sur la relation polyamoureuse volèrent en éclat très rapidement.

Pas des carrés, pas symétriques

Qu’est ce que l’amour ? A quoi peut on le reconnaître ?

Comme bonne adolescente de mon âge, je me posais cette question en lisant le dernier Jeune&Jolie tout en écoutant du Billy Crawford et en suçant une Chupa Chups™ aromatisée au coca… Bon, ça ne s’est pas FORCEMENT passé comme ça, mais ça devait sûrement y ressembler.

Et donc, j’en étais venu à me dire que l’amour, c’était vachement compliqué et pas très facile à identifier. Déjà à l’époque, ce qui se passait dans ma tête n’était pas très « conventionnel » vu que je ne faisais quasi aucune différence entre les monsieurs et les madames au niveau de l’attirance et de l’amour.

Ca me paraissait normal qu’on puisse aimer les deux genres … Et puis bien sûr j’ai grandi un peu, et c’était moins normal pour les autres en fait.

Depuis, je trouve toujours que l’amour c’est ‘ACHEMENT COMPLIQUE, mais j’ai eu l’occasion de me faire mon propre point de vue.  Je ne fais toujours quasiment aucune différence entre les môsieurs et les madames, je tombe amoureuse d’une personne, pas d’un genre. J’ai très vite différencié l’amour et le sexe, bien que les deux soient très liés… Enfin, je le différenciais très bien lorsque c’était pour ma pomme.

Donc c’était une jolie théorie qui attendait au chaud dans un coin de mon cerveau ou que j’appliquais à moi-même toute seule comme une petite égoïste de 17 ans.

Et puis j’ai rencontré Nicolas, et nos deux théories se sont rencontrées, se sont plu, se sont aimées, et ont fait des bébés théories. Du genre, « Est ce qu’on peut faire l’amour librement avec quelqu’un d’autre,  du moment qu’on tombe pas amoureux? » ; « Peut on être amoureux de plusieurs personnes en même temps ? Est ce viable ? » .

Mais elles étaient toujours à un rang de « possible, mais pas maintenant ». Nous envisagions d’essayer l’amour à plusieurs, pourquoi pas. Mais n’étions pas prêts, nous pensions pas assez mûrs pour envisager un couple plus « libre ». Et puis, au début, c’est l’amour fusionnel et de toute façon la question ne se pose pas tellement… On pense à l’autre et uniquement à l’autre pendant un moment. En tout cas ça s’est passé comme ça pour nous deux.

Enfin, seulement jusqu’à ce que je rencontre Christophe … Et là nos jolies théories et leurs bébés allaient pouvoir se faire une place au soleil.

La théorie de la famine

Avant de rencontrer Charlotte, et même longtemps après, j’étais convaincu de la « théorie de la famine » , en d’autres termes que l’amour est un élément avec une quantité limitée. J’en avais fait l’expérience dans mes relations précédentes. Lorsqu’une demoiselle provoquait un certain intérêt chez moi, la relation avec ma chérie de l’époque en pâtissait immédiatement. Mon esprit se focalisait sur cette nouvelle personne à tel point que ma partenaire devenait secondaire.

Ce n’était que par passades et c’était uniquement des relations qui n’ont jamais été concrétisées notamment grâce à ma timidité. J’imagine que le manque de courage à rompre et redémarrer une relation devait y être pour beaucoup. Quoi qu’il en soit, même si je suis resté sage dans les faits, au niveau de mon attention, cela en était tout autre. J’en concluais donc qu’il n’était pas possible d’aimer deux personnes en même temps. L’une prenait forcément le pas au détriment de l’autre.

Après m’être mis en couple avec Charlotte, je n’ai plus été confronté à une attirance pour une autre. Même au gré de quelques expériences de triolisme avec elle, malgré de l’attirance et de l’affection, mon amour restait totalement exclusif vis-à-vis de Charlotte. C’était sans compter, au mois de juillet 2010, sur un rencontre qui bouleversa tout ce dont j’étais intimement persuadé.

L’amour fusionnel

Je ne m’étais jamais réellement posé la question du couple avant de rencontrer Christophe il y a cinq ans.

J’avais eu quelques expériences par çi, par là. Pour moi le couple, c’était un et un. On trouvait quelqu’un qui nous convenait bien, avec qui sexuellement cela se passait bien. L’amour était réciproque et voilà, c’était un couple.

Lorsqu’il est rentré dans ma vie, il avait un projet : Roomantic.fr. Un site pour parler de sexualité librement. J’ai tout de suite voulu faire partie de l’aventure. Cela nous a amené à parler très régulièrement de sexe, de couple, etc. Il avait beaucoup d’amies féminines, ce qui me rendait extrêmement jalouse. Malgré cela, j’avais l’envie d’essayer des relations sexuelles à plusieurs. Les relations avec des filles m’attiraient. Cette envie datait d’un bon petit moment. Je n’avais jamais osé franchir le pas. Avec Christophe, nous avons pu expérimenter tout cela. Malgré cela se soit plutôt bien passé et que cela avait été très enrichissant pour notre couple, il n’avait jamais été question de le partager amoureusement avec un(e) autre. Même sexuellement, je ne pouvais concevoir que des expériences avec d’autres personnes se fassent à l’extérieur du couple. Pour moi, c’était à deux, ou rien du tout.

Nous avons vécu à distance pendant un an avant de nous retrouver et de vivre ensemble. A partir de ce moment là, nous étions fusionnels, presque inséparables.

Il était à moi, j’étais à lui et je comptais bien faire en sorte que ça dure longtemps.

Toute ma vision que j’avais de notre couple allait s’effrondrer. Le déclencheur avait un prénom : Julia.

Nicolas, l’Amour et le sexe.

Parisian Love LockBien avant de rencontrer Julia j’avais déjà pensé à ma position par rapport aux sentiments, aux relations sexuelles et à l’exclusivité dans une relation.

Un avis qui n’est pas partagé par grand monde puisque en théorie je sépare entièrement le sexe des sentiments. Je dis bien en théorie, parce que je ne me sentais pas capable de mettre réellement ces idées en pratique.

Trop peur de ne pas pouvoir supporter d’imaginer mon amour avec un autre, la peur de l’abandon, etc… Le genre de choses très classiques auxquelles tout un chacun est confronté un jour ou l’autre (voire sans arrêt pour certain(e)s.)

Il me fallait encore gagner en maturité et en confiance en moi pour pouvoir faire fi de ces sentiments négatifs qui me pesaient trop à mon goût.

En attendant je ne demandais rien à mes compagnes successives et il me semblait logique de ne pas leur imposer un point de vue qui pouvait les angoisser et que je n’étais même pas certain de pouvoir assumer moi-même.

Dès la première discussion à ce sujet avec Julia il apparu que nous étions d’accord sur le principe et sur le fait de ne pas passer à l’acte par crainte de ne pas le supporter.

J’avais laissé la mise en pratique dans un coin de ma tête, pas plus perturbé que ça de me conformer au moule. Tout au plus nous pensions essayer l’échangisme.

Mais un imprévu allait surgir après un an et demi d’amour: Christophe.

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