Suite à cette courte nuit, la fatigue se fait accablante et le moral est dans les chaussettes… Non… Il est même bien plus bas que ça. Il est tellement enfoncé six pieds sous terre qu’il en a oublié la douceur des chaussettes. Alors que Nicolas et Charlotte sont enjoués, Julia et moi nous morfondons devant leur joie de vivre. Nous sommes épuisés et toutes les questions que nous avons en tête sont plus embrouillées que jamais. Le manque d’énergie n’aide pas à démêler tout ça ou ne serait-ce qu’exprimer correctement le malaise qui nous submerge.

Devant ce décalage, le groupe se fissionne en deux. Malgré l’évènement exceptionnel que j’ai partagé avec Julia la veille, cela laisse un goût amère. Nous sommes maintenant libres de pouvoir s’isoler pour faire l’amour. Nous faisons alors en sorte de profiter de cette opportunité. Les discussions et prises de têtes liées à la situation actuelle succèdent nos moments intimes. Nous sommes heureux et tristes à la fois. Les sentiments s’entremêlent dans une pagaille la plus totale.

Le samedi, le décalage perdure. Les couples initiaux se sont, pour ainsi dire, inversés. Il y a Charlotte et Nicolas d’un côté puis Julia et moi. Chaque nouveau couple ayant des activités en parallèle de l’autre. Cela ne fait qu’amplifier nos angoisses. Nous n’existons plus. Nous nous effaçons. Nous les entendons parler, rigoler, baiser. Ils ne sont pas jaloux alors qu’ils l’étaient avant cette rencontre. Mais qu’est-ce qu’il se passe, bordel ? Julia et moi avons encore du mal à trouver le sommeil. Nous appréhendons tous les deux l’après.

Le dimanche clôture ce week-end prolongé. Julia et Nicolas rentrent pour Strasbourg et nous ne savons pas encore si nous allons nous revoir. Nous verrons ça selon le débriefing qui s’annonce long et douloureux. Cette scission et inversion des couples durant ces quelques jours aura le mérite de nous avoir rapproché Julia et moi. Cela nous a donné l’occasion de nous apercevoir que nous étions totalement sur la même longueur d’onde concernant nos réflexions.

Vient le moment où il va falloir affronter la suite. Il faut alors mettre des mots sur son ressenti et ses angoisses. Durant toute la semaine qui suit, c’est « apéro-discussion » d’une heure ou deux chaque soir et des conversations avec Julia par Internet pour démêler tout ça. Charlotte fait en sorte de me rassurer et je reprends progressivement confiance quant à ses sentiments envers moi et cette première expérience. Elle me révèle qu’elle a en effet, à son grand étonnement, absolument pas jalouse de Julia. Elle m’explique en outre qu’elle a vécu cela sereinement sans se prendre la tête et en vivant que le moment présent. La semaine permet de mettre des choses au clair et estomper mes craintes qui s’étaient accumulées.

Bien avant notre rencontre à quatre, j’avais émis le fait que si il se passait quelque chose, je ne voulais pas que ce soit un « one-shot ». Donc, devant notre désir commun de revoir Julia et Nicolas et ne pas nous arrêter là, nous prenons la décision de planifier une nouveau séjour. Il sera alors question de voir si il sera possible d’envisager une relation suivie…